Econome et n’aimant pas le risque, voilà comment on pourrait différencier l’épargnant français type de ses voisins européens ou des Américains et Japonais. Un large panorama de statistiques publié fin août par l’OCDE (1) permet de pointer quelques grands traits de caractère. Florilège, en cinq points.

Il est culturellement économe

Selon les calculs de l’OCDE, les ménages français épargnent 11,7% de leur revenu disponible (2). En 2012, le taux d’épargne français était ainsi le plus haut des pays phares de l’organisation (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, etc.). Seuls les Suédois (12,2%) et les Luxembourgeois (13,7%) thésaurisent plus.

Mais les Français se distinguent avant tout par leur régularité en la matière. Jamais, sur les 12 années étudiées (2000-2012), le taux d’épargne n’est passé sous la barre des 11% en France, atteignant un plus haut (13%) en 2002. La France est le seul pays à afficher cette régularité, arborant ainsi le plus fort taux d’épargne de l’OCDE en 2004, en 2006 ou encore en 2009.

L’assurance-vie est son placement favori

En 2012, l’assurance-vie représentait en moyenne 30,9% des actifs financiers des ménages. C’est plus qu’en 2007 (27,8%) et surtout plus que dans tous les pays de l’OCDE, à l’exception notable du Royaume-Uni (52,7%). Etant donné qu’il n’existe pas de système de retraite par répartition outre-Manche, la comparaison est délicate. Les Britanniques utilisent en effet les « réserves d’assurance-vie » pour préparer leurs vieux jours. L’appétence particulière des Français pour l’assurance-vie s’explique aussi par l’incitation fiscale qui profite au secteur. A contrario, aux Etats-Unis, ce sont les fonds de pension (30,5%) qui sont privilégiés à l’assurance-vie (2%) pour toucher un revenu une fois la vie active terminée.

Ce comparatif des actifs financiers des ménages permet de distinguer des cas particuliers au sein de l’OCDE. Comme la Grèce où les dépôts bancaires et les espèces (pour faire simple, une épargne rapidement mobilisable) représentent 73,3% des actifs financiers des ménages, contre 30,1% en France.

Il investit peu en direct dans les entreprises

16,7%. C’est la proportion des actions et autres participations dans l’épargne financière des Français. Un pourcentage qui monte à 31,2% aux Etats-Unis ou à 33,9% en Suède. Et les Français ne se rattrapent pas sur la catégorie « titres autres qu’actions » (OPCVM, etc.) élaborée par l’OCDE puisqu’elle ne représente que 1,6% de leurs actifs financiers. Aux Etats-Unis, en Belgique ou en Autriche, cette proportion grimpe à plus de 9%.

Il agit (presque) comme un Allemand

A qui ressemble le plus un épargnant français ? A la lecture des statistiques de l’OCDE, il s’agit clairement de l’épargnant allemand. Comme les ménages français, les foyers d’outre-Rhin se risquent peu à investir en actions (9,2%).

L’importante part de l’immobilier dans le patrimoine des ménages apparaît aussi commune aux deux pays. Selon l’OCDE, en 2012, le logement pèse en moyenne 65.620 dollars (49.900 euros environ) dans le patrimoine non financier des Français. Il s’agit du montant le plus important, parmi les pays étudiés et hors cas particulier du Royaume-Uni (96.122 dollars), devant l’Allemagne (61.130 dollars). Pendant toute une décennie, dans les années 2000, le logement représentait un poids équivalent en France, en Allemagne, aux Etats-Unis ou aux Pays-Bas. Or, depuis la fin de cette période, la valeur de ce patrimoine continue de croître en France comme en Allemagne, contrairement aux autres pays cités.

Autre point commun : la France et l’Allemagne se distinguent des autres grandes puissances économiques de l’OCDE par un taux d’épargne élevé et régulier. Il était fixé à 10,3% en Allemagne en 2012 selon l’OCDE.

Allemands et Français privilégient d’ailleurs l’épargne au crédit. Dans les deux cas, en 2012, le pourcentage de la dette des ménages par rapport au revenu disponible était plus bas que dans la majorité des pays de l’OCDE (104,5% en France et 93,2% en Allemagne contre 151,5% au Royaume-Uni ou 172% en Suède).

Une éducation financière perfectible

L’OCDE a publié en juillet dernier une étude du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) pour comparer le niveau financier des collégiens, au niveau international. Dix-huit pays et bassins économiques ont été évalués, dont la France, l’Australie, les Etats-Unis, l’Espagne ou l’Italie. Résultat : la France émarge au 11e rang. L’étude montre notamment que les Français ont du mal à mobiliser leurs connaissances en mathématiques pour des problèmes concrets, relatifs aux finances personnelles.

Plus de détails sur l’étude Pisa : Culture financière : les collégiens français parmi les mauvais élèves de l'OCDE

(1) OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), Panorama des statistiques de l’OCDE 2014 : Économie, environnement et société, Éditions OCDE.

(2) De nombreux médias ont récemment relayé un taux d’épargne de 15,9% du revenu brut disponible. Celui-ci a été élaboré par la Banque de France en se basant sur les statistiques Eurostat. La méthodologie de l’OCDE est différente et ces deux taux ne peuvent donc être comparés. Le calcul de l’OCDE se base sur le revenu disponible « augmenté de la variation de leurs droits nets sur les fonds de pension », un revenu dont est soustrait les dépenses de consommation des ménages pour obtenir le montant de l’épargne. A noter toutefois : si le taux d’épargne communiqué par la Banque de France était bien à son plus haut niveau constaté depuis 2009, ce taux n’était jamais tombé sous la barre des 15% entre temps, ce qui confirme la régularité des Français sur leur propension à épargner.