L'économiste français Thomas Piketty a maintenu samedi les conclusions de son dernier ouvrage concernant l'accroissement des inégalités économiques dans le monde, après des critiques émanant du Financial Times (FT).

Dans son édition de samedi, le quotidien britannique des milieux d'affaires pointait des erreurs de calcul commises par M. Piketty dans « Le Capital au XXIe siècle », devenu depuis sa sortie un phénomène d'édition, ce qui aurait faussé ses conclusions.

« Le Financial Times est malhonnête »

« Les données qu'on a sur les patrimoines sont imparfaites mais d'autres comme les déclarations de succession sont plus fiables. Je fais cela en toute transparence, je mets tout en ligne », a déclaré à l'AFP l'économiste. « Là où le Financial Times est malhonnête, c'est qu'il laisse entendre que cela change des choses aux conclusions alors que cela ne change rien. Des études plus récentes ne font que conforter mes conclusions, en utilisant des sources différentes », a-t-il ajouté.

La thèse centrale de son ouvrage repose sur l'idée selon laquelle les inégalités économiques n'ont jamais été aussi fortes depuis les années précédant la Première Guerre mondiale. Thomas Piketty a également fait valoir que, en regardant les classements des plus grandes fortunes publiés au cours des trente dernières années, celles-ci avaient progressé trois fois plus vite que le patrimoine moyen. « Le FT se ridiculise car tous ses confrères reconnaissent que les hauts patrimoines ont augmenté plus rapidement », a insisté M. Piketty, invitant le quotidien britannique à publier ses propres séries de données.

400.000 exemplaires vendus aux USA

Reçu mi-avril à la Maison Blanche et au ministère américain des Finances, l'économiste français a écumé colloques et conférences aux Etats-Unis et en Europe, afin de dénoncer l'extrême concentration des richesses et plaider pour une plus forte taxation du capital via notamment un impôt mondial. Interrogé sur les ventes de son ouvrage monumental de quelque 1.000 pages, M. Piketty a répondu qu'elles atteignaient, jeudi, les 100.000 exemplaires en France (éditions du Seuil) et les 400.000 aux Etats-Unis, Royaume-Uni et dans le reste du monde anglophone (Harvard University Press).