Un ancien agent de la cellule de lutte anti-blanchiment Tracfin, Olivier Thérondel, a été condamné vendredi à deux mois d'emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir divulgué des informations sur l'affaire Cahuzac.

Cette condamnation ne sera cependant pas inscrite sur son casier judiciaire, ont décidé les juges, ce qui lui permet de conserver son emploi aux douanes. Une procédure disciplinaire est en cours. Sur un blog hébergé par Mediapart, Olivier Thérondel avait publié, les 22 et 26 avril 2013, deux billets, retirés depuis, qui mettaient en cause les consignes de sa hiérarchie et des lenteurs présumées dans le suivi du dossier de Jérôme Cahuzac.

L'ancien ministre du Budget a été contraint à la démission, le 19 mars 2013, après avoir menti pendant des mois sur l'existence d'un compte bancaire lui appartenant à l'étranger.

Trois mois d'emprisonnement avec sursis requis par le parquet

Olivier Thérondel souhaitait principalement attirer l'attention sur une déclaration de soupçons reçue par Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) le 5 avril, qui faisait état du rapatriement en France par Jérôme Cahuzac de 685.000 euros depuis un établissement situé à Singapour.

Pour le tribunal, Olivier Thérondel ne peut se prévaloir du statut de lanceur d'alerte, dont les juges rappellent qu'il a été consacré par la loi postérieurement aux faits, le 6 décembre 2013. En effet, « il ne peut être sérieusement allégué la commission d'une infraction pénale lors du traitement du dossier Cahuzac au sein de Tracfin », considère le tribunal, qui n'a pas suivi les réquisitions du parquet, soit trois mois d'emprisonnement avec sursis.

Une information déjà connue

Les juges ont également souligné que trois semaines avant la publication des deux billets, Jérôme Cahuzac avait publiquement annoncé avoir demandé le rapatriement des fonds détenus à l'étranger. L'information sur laquelle voulait alerter Olivier Thérondel était déjà connue, relève le tribunal dans un jugement que l'AFP a pu consulter. « Ne justifiant (...) n'avoir attiré l'attention ni de l'autorité judiciaire, ni de sa hiérarchie ni des organisations syndicales, il a fait preuve d'impulsivité et de légèreté en se rendant coupable de (...) violation du secret professionnel », ont statué les juges de la 17ème chambre correctionnelle.

« J'ai la certitude que si je n'avais pas fait mon blog, ils (Tracfin) ne se seraient pas dépêché de transmettre les informations » (à la justice), a réagi vendredi Olivier Thérondel, sans préciser s'il ferait ou non appel. Réaffecté aux douanes en septembre 2013, l'ancien agent de Tracfin s'est dit « content » que le tribunal ait accédé à sa demande de non inscription de la condamnation au casier judiciaire.