« Chère », « élitiste » ou vue comme une institution favorisant l’évasion fiscale, la banque privée n’a pas une si bonne réputation parmi les Français les plus aisés, selon un sondage OpinionWay pour SwissLife banque privée, dévoilé jeudi dernier. Ce nouvel observatoire, qui sera désormais reconduit chaque année, montre par ailleurs que les banques privées des grands réseaux jouissent d’une plus grande notoriété que les établissements spécialisés.

« Le secteur de la banque privée a intérêt à mieux communiquer sur ses activités. Son image reste portée par le vestige de pratiques ayant défrayé autrefois la chronique. » Ce sous-entendu, qui fait notamment référence aux affaires d'évasion fiscale, vient de Tanguy Polet, directeur général d’une banque privée, celle de SwissLife. En effet, selon le sondage que sa société a commandé à OpinionWay (1), réalisé auprès d’un public aisé, les banques privées « incitent plutôt à la fuite des capitaux à l’étranger » selon 42% des sondés. Seules 17% des personnes interrogées estiment qu’elles contribuent au rapatriement de ces capitaux.

« Comme tous les intermédiaires (avocats, notaires, conseillers en gestion de patrimoine, etc.), la banque privée se doit de déclarer aux autorités tout soupçon de blanchiment (y compris fiscal) sous peine de sanctions pénales », corrige Tanguy Polet, avant d’ajouter : « Ce qui ne veut pas dire qu’une banque privée ne peut pas assister son client dans sa décision d’exil fiscal. Ce type de décision reste personnelle. » Les sondés, dont 42% sont déjà clients d’au moins une banque privée, jugent d’ailleurs « excessive » à 76% l’actuelle fiscalité des hauts revenus en France.

BNP Paribas banque privée, n°1 en notoriété

L’étude apporte par ailleurs des indications sur l’image des différentes enseignes de banque privée. Parmi les personnes interrogées, sensibilisées à ce type d’établissement par leur patrimoine élevé, 83% citent une enseigne spontanément. Les plus connues sont, dans l’ordre, BNP Paribas banque privée (29%), HSBC private bank (24%), Edmond de Rothschild (20%), Société Générale private banking (16%), LCL banque privée (13%), Barclays (12%) et Crédit Agricole banque privée (11%), loin devant UBS (6%), Lazard Frères Gestion (5%) ou BforBank (4%). Ainsi, les acteurs historiques et les banques privées adossées à des grands réseaux bénéficient clairement de la plus forte notoriété auprès de ce public cible ou pouvant devenir client à plus moyen terme.

Cette préférence pour des banques privées appartenant au groupe d’une banque de détail s’explique par le mode de recrutement de ces établissements spécialisés. 46% des personnes interrogées déjà clientes d’une banque privée (1) ont connu cette enseigne par leur banque de détail, contre 23% par une recommandation ou 19% par un membre de la famille. Par la suite, une fois entrée, cette clientèle se montre assez peu mobile : seuls 34% des clients sondés ont déjà changé de banque privée et seuls 22% pensent à en changer au cours des douze prochains mois.

Une relation client à améliorer

Reste à convaincre la clientèle aisée non cliente. Parmi eux, la moitié des sondés pensent être en mesure d’intégrer une banque privée à l’avenir, mais seulement 18% comptent concrétiser cette démarche lors des douze prochains mois. Pourtant, paradoxalement, ces non-clients semblent avoir une meilleure image de la relation avec un conseiller spécialisé. Ainsi, à 79%, l’ensemble du panel, clients et non clients, juge que cette relation est « forte » ou « solide ». Or cette proportion chute à 65% pour les sondés déjà clients d’une banque privée. Près d’un tiers d'entre eux estime avoir une relation « banale » ou « distante » avec son conseiller.

« C’est un point d’étonnement et aussi un axe de vigilance », réagit Tanguy Polet, de SwissLife. « Ces perceptions ne font pas du bien au secteur. Il existe dans chaque établissement une zone grise de clients « pas assez rentables » pour se voir offrir tous les services mais suffisamment rentables pour les conserver. Il faut que le mandat soit clair et qu’une offre adaptée soit construite. » Le second observatoire des banques privées, en 2015, permettra de juger des éventuelles améliorations.

(1) L’étude a été réalisée du 20 au 24 février 2014 par OpinionWay auprès de 310 personnes représentatives des Français de 18 ans et plus et appartenant au « top 5 foyers » en termes de revenus, c’est-à-dire des ménages dont les revenus annuels nets sont supérieurs ou égaux à 72.000 euros. Pour de nombreuses banques privées, le patrimoine plancher pour avoir accès à ces services est de 150.000 euros (250.000 euros d'avoirs confiés dans le cas de SwissLife banque privée). Pour les questions adressées aux clients ou non clients, le panel était de 130 sondés déjà clients d’une banque privée et de 180 non clients.