Le crowdfunding, ou financement participatif, ne cesse de faire parler de lui. Avec 78,3 millions d’euros collectés l’année dernière en France, il intéresse jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, qui vient d’assouplir sa réglementation. Mais qu’est-ce que le crowdfunding ? Quel est son fonctionnement ? Qui peut y avoir accès ? Eléments de réponse.

« Faire de la France le pays pionnier du financement participatif » est le nouvel objectif affiché par le gouvernement. Le 14 février dernier, Fleur Pellerin, ministre chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, a présenté les nouvelles réglementations, plus souples, appliquées à ce « financement par la foule » (1). Le but étant d’inciter les particuliers à soutenir davantage les porteurs de projet.

Pourquoi le gouvernement porte-t-il un tel intérêt au crowdfunding ? Certainement parce que, « même si c’est une source de financement encore confidentielle, le marché est ambitieux » analyse Nicolas Dehorter, spécialiste du sujet, blogueur et auteur du Guide du crowdfunding. En effet, le financement participatif a connu une très belle année 2013 en France : la collecte a atteint 78,3 millions d’euros, d’après la 2e édition du baromètre du crowdfunding (2), soit près de trois fois plus que celle réalisée en 2012.

Trois usages du financement participatif

« La finance participative permet le développement de projets de tous types en s’appuyant sur les contributions financières du grand public, en dehors des circuits de financements traditionnels (banque, business angels, etc.) » précise le site « Tous nos projets » de Bpifrance (3). Concrètement, des porteurs de projet rencontrent des investisseurs potentiels sur une plateforme de crowdfunding. Les premiers présentent leur projet, qui peut être artistique, solidaire ou entrepreneurial, aux seconds qui peuvent soutenir leurs initiatives en y participant financièrement.

Il existe trois usages du crowdfunding : le don, le prêt et le « crowd equity ». « Les différences entre ces trois modèles sont fondamentales » explique Nicolas Dehorter. Pour les plateformes de dons, telles que Kisskissbankbank, MyMajorCompany ou Ulule, « il n’y a pas d’intéressement financier derrière. C’est une pure démarche de générosité où l’investisseur soutient le créateur dans son projet » détaille le blogueur. En effet, sur ces sites internet, le particulier investit en moyenne 64 euros (4) et n’attend rien en retour.

Sur les plateformes de prêts, le système est différent : les porteurs de projet empruntent aux particuliers qui croient en eux et s’engagent à les rembourser, avec ou sans intérêt. Ainsi, avec Babyloan et Hellomerci, les particuliers espèrent simplement retrouver leur mise de départ ; alors qu’avec Prêt d’Union, « lorsque l’investisseur prête à un particulier ou à une entreprise, il espère que, non seulement, son argent va lui revenir mais qu’il va lui revenir avec un intéressement » explique Nicolas Dehorter.

La participation dans l’entreprise

La dernière famille de crowdfunding est le « crowd equity », celle qui permet d’entrer au capital d’une entreprise. Wiseed, Smartangels ou bien encore Happy Capital sont quelques unes des plateformes de financement participatif spécialisées dans l’equity. Start-up et PME peuvent lever des fonds via ces sites internet. En contrepartie, les investisseurs deviennent actionnaires de l’entreprise.

L’assouplissement de la réglementation du crowdfunding annoncé par le gouvernement impacte essentiellement cette famille du financement participatif (5) : désormais, pour les levées de fonds inférieures à un million d’euros, les plateformes n’ont plus l’obligation de rédiger un prospectus financier, « un document très lourd, de l’ordre de 200 pages » nous expliquait cette semaine Thibaut de Lajudie, associé du cabinet conseil Ailancy. Auparavant, le seuil était fixé à 100.000 euros. Avec son relèvement, le gouvernement espère un élargissement du nombre de projets finançables.

Des investissements souvent risqués

Les contributions moyennes pour les prêts étaient de 1.449 euros en 2013 et de 3.769 euros pour l’equity (4). « L’acte de faire un don ou un investissement est sécurisé par les plateformes, c’est-à-dire que la transaction bancaire est sécurisée. Par contre le retour financier, lui, est beaucoup plus risqué » tient à souligner Nicolas Dehorter.

Pour les prêts, « le taux de remboursement atteint aujourd’hui entre 90 et 95% » relativise toutefois le spécialiste du crowdfunding. En revanche, pour l’equity, le retour sur l’investissement dépend uniquement de la réussite de la PME. Les fonds investis peuvent être totalement perdus… ou remboursés intégralement avec des plus-values en prime.

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(1) Le terme anglais « crowdfunding » signifie littéralement « financement par la foule ».

(2) Baromètre réalisé par CompinnoV en partenariat avec l’association Financement Participatif France.

(3) Bpifrance est la banque publique d’investissement qui a pour objectif de soutenir le financement et la croissance des PME françaises.

(4) Selon les chiffres 2013 publiés par la 2e édition du baromètre du crowdfunding.

(5) Les plateformes de prêts rémunérés sont également impactés par la mesure : elles pourront désormais prêter jusqu’à 1 million d’euros, avec une limite de 1.000 euros par investisseur.