L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a dévoilé mardi son étude annuelle sur l’évolution des frais bancaires dans 129 enseignes françaises. Sans surprise, les banques en lignes tiennent toujours le haut du panier. Plus inattendue, la bonne tenue des « assurbanquiers », MACIF en tête.

Une fois n’est pas coutume : souvent critique à l’égard de l’action (ou l’absence d’action) des pouvoirs publics, Alain Bazot, le président d’UFC-Que choisir, a choisi d’ouvrir le point presse consacré aux tarifs bancaires par un satisfecit envoyé au gouvernement. « La loi bancaire (1) a permis des progrès considérables », a-t-il commenté, « avec le plafonnement des commissions d’intervention, mais aussi l’information préalable au prélèvement des frais bancaires, la GPA (2) pour les clients fragiles ou la création d’un observatoire de l’inclusion bancaire. »

Mais la régulation ne fait pas tout et comme chaque année à la même époque, l’association de défense des consommateurs a, à l’inverse, critiqué l’attitude de banques « avides de facturation », pour reprendre l’expression du même Bazot. A l’appui de cette affirmation, l’UFC a mené une étude portant sur les brochures tarifaires de 129 banques de détail, dont 70% ont changé au 1er janvier 2014. Résultat : sur les 10 opérations les plus couramment facturées (3), quatre ont augmenté plus vite que l’inflation depuis 2010 (date d’une précédente étude comparable d’UFC), dont deux très fortement : les retraits hors réseau (+67,9%) et les frais de tenue de compte (+98,8%), deux services de plus en plus couramment facturés.

Lire par ailleurs : Frais bancaires : UFC-Que choisir dénonce le « tour de passe-passe » des banques

Boursorama et ING Direct font la paire

Cette tendance ne concerne toutefois pas toutes les enseignes, et notamment les banques en ligne qui ont fait de la gratuité sur ces opérations courantes leur principal argument marketing. Sans surprise, les 5 « pure players » (dont la petite nouvelle Hello Bank) figurent parmi les 10 banques les moins chères actuellement. On retrouve également dans ce top 10 deux « assurbanquiers » (4) (MACIF et Groupama), duo complété un peu plus loin par Allianz Banque (11e) et AXA Banque (12e). « Ils apparaissent ainsi comme un modèle alternatif entre « pure players » de la banque en ligne et banque traditionnelle, tant au niveau tarifaire que de distribution (…) » commente l’UFC.

Enfin, une seule enseigne nationale « traditionnelle », La Banque Postale, fait son chemin dans le haut du tableau, accompagnée par deux caisses régionales du Crédit Agricole, Aquitaine et Provence Côte d’Azur :

  1. ING Direct (0 euro)
  2. Boursorama Banque (0 euro)
  3. Fortuneo (18 euros)
  4. Hello Bank (38 euros)
  5. MACIF (122,10 euros)
  6. Monabanq (123,50 euros)
  7. Groupama Banque (143,25 euros)
  8. Crédit Agricole Aquitaine (145,65 euros)
  9. La Banque Postale (145,90 euros)
  10. Crédit Agricole Provence Côte d’Azur (149,20 euros)

L’« incohérence tarifaire » des mutualistes

A l’inverse, les banques traditionnelles trustent le classement des 10 enseignes les plus chères, toujours en s’en tenant au panier des dix services choisis par l’UFC pour la comparaison :

  1. Société Marseillaise de Crédit (367,20 euros, dont 150 euros de frais de tenue de compte !)
  2. Banque Dupuy de Parseval (295,85 euros)
  3. Banque Marze (294,54 euros)
  4. Banque de Savoie (251,92 euros)
  5. Crédit Maritime Méditerranée (249,37 euros)
  6. Banque Populaire Massif Central (244,40 euros)
  7. Crédit Mutuel Normandie (233,75 euros)
  8. Crédit Mutuel Océan (233,67 euros)
  9. Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées (231,72 euros)
  10. Caisse d’Epargne Bretagne - Pays de Loire (230,20 euros)

Ces deux classements amènent l’UFC-Que choisir à un constat, parmi d’autres : « l’incohérence tarifaire perdure » dans les grands réseaux, « et a même tendance à s’accentuer ». L’association a calculé l’écart de facturation, pour les mêmes services, entre la moins chère et la plus chère des caisses de chacune des quatre enseignes mutualistes. Depuis 2010, il a augmenté dans trois d’entre elles : à la Banque Populaire (40,5% contre 34%), à la Caisse d’Epargne (29,6% contre 27,6%) et au Crédit Mutuel (31,1% contre 29,8%). Seul le Crédit Agricole a resserré l’écart (48,4%, contre 56,3%), mais reste néanmoins le plus inégalitaire des réseaux.

(1) Loi de séparation et de régulation des activités bancaires du 26 juillet 2013

(2) Gamme de moyens de paiement alternatifs au chèque.

(3) Le panier défini par UFC-Que choisir comporte la gestion de compte par internet, les cartes bancaires classiques à débits immédiat et différé, la carte à autorisation systématique, les retraits hors réseau, les virements occasionnels, la mise en place d’un prélèvement, la commission d’intervention, l’assurance moyens de paiement et les frais de tenue de compte. Il ne correspond pas exactement à l’extrait standard des tarifs placé en première page des brochures, y incluant les frais de tenue de compte retirant les SMS d’alerte.

(4) Compagnies d’assurance qui diversifient leur activité dans la banque.