Les Espagnols ont initié une nouvelle forme d’expression de la colère face à la crise : manifester son mécontentement sur un billet de banque. L’initiative a fait parler d'elle sur les réseaux sociaux ces dix derniers jours. Si bien qu'un compte Twitter parisien lié aux indignés, le mouvement de protestation qui a gagné Madrid, New York mais aussi Paris en 2011, a encouragé hier à poursuivre l'opération en France.

Depuis le 4 novembre, un article publié par Euronews (1) fait le tour des réseaux sociaux. Un scoop ? Non. Il s’agit simplement d’une compilation de cinq tweets d’internautes espagnols. Afin d’exprimer leur colère, en cette période de crise, ils ont choisi d’écrire un message de protestation sur un billet de banque. Puis de prendre leur écriteau en photo afin de la publier sur Twitter. « Les politiciens et les banquiers sont une honte pour la Nation », a par exemple écrit un certain Hugo sur un billet de 5 euros le 21 août dernier.

Le tweet d’Hugo n’a été « retweeté » que 35 fois. Et l’article d’Euronews ne faisait pas état d’un phénomène massif. Mais le site web de la chaîne d'information a offert une large visibilité à ces messages et à ce mode d’expression. Plus de 24.000 personnes ont « aimé » cet article sur Facebook. 750 l'ont partagé sur Twitter.

@OccupyParis tente de lancer le mouvement en France

Et cet article a donné des idées aux internautes tunisiens. Deux jours après sa publication, des opposants au parti au pouvoir, Ennahdha, écrivaient leur colère sur des billets de 10 et 20 dinars. Là encore, l’initiative a été relayée par quelques médias. L’avantage de ce mode de protestation est que le billet endommagé garde théoriquement sa valeur (2) et que le message est lu par d’autres citoyens, la monnaie passant évidemment de main en main.

S’il est difficile de chiffrer le nombre de billets « tagués » en Tunisie, la portée de l’opération est là encore à relativiser. Les tweets tunisiens relayés par les médias n’ont pas dépassé la dizaine de « retweets ». Mais grâce aux réseaux sociaux, l’idée continue de passer les frontières. Toujours sur Twitter, un compte parisien d'indignés, @OccupyParis, a lancé hier un appel à importer l’opération en France.

Or si le mouvement des indignés, du nom du manifeste Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, s’est essoufflé après 2011, ce compte Twitter possède 6.600 abonnés. Autant de lecteurs potentiels de cet appel à écrire sur des billets de banque. Jeudi matin, le hashtag #OpEuros était très peu repris sur le réseau social mais une poignée de « twittos » ont exprimé leur intérêt en réponse aux messages de @OccupyParis. Et un premier internaute a répondu à l’appel :

(1) « Toute la colère de l'Espagne sur les billets de banque » publié le 4 novembre sur le site web d'Euronews.

(2) Dans le cas des messages écrits sur les billets, en France, tout dépend de l'interprétation de la Banque de France, la Banque centrale européenne (BCE) stipulant : « Les billets en euros endommagés ou mutilés (par exemple brûlés partiellement, déchirés ou décomposés) et remplissant certains critères sont échangés par les banques centrales nationales de la zone euro. Les billets endommagés ou mutilés intentionnellement ne sont pas remboursés. »