Des députés UMP ont tenté sans succès, dans la nuit de mardi à mercredi, de faire supprimer l'écotaxe sur les poids lourds, érigée en « symbole », la gauche leur reprochant leur « démagogie » et leur reniement sur cette mesure.

Lancée passée une heure du matin lors du débat sur le budget 2014 de l'écologie, l'offensive emmenée par l'élu breton Marc Le Fur visait à faire abroger « un prélèvement néfaste », dont la mise en œuvre avait été décidée « dans un contexte économique différent ». L'amendement de suppression introduit dans le volet « dépenses » du projet de loi de finances a été rejeté par 60 voix contre 17.

Les orateurs de l'UMP ont martelé combien l'écotaxe était devenue « un symbole du matraquage fiscal » et évoqué la « colère » exprimée en Bretagne et au-delà, le député des Côtes d'Armor rappelant les déclarations de Ségolène Royal (PS) sur la « révolte citoyenne » des Bonnets rouges.

Alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé une suspension sine die de l'application de l'écotaxe, qui devait intervenir début 2014, plusieurs élus de droite ont appelé le gouvernement à « sortir de l'ambiguïté » sur le devenir de cette mesure.

Le « revirement » de Marc Le Fur

Réaffirmant que la « décision sage » de suspendre l'application de l'écotaxe ne signifie « pas sa suppression mais donne une chance à la discussion » pour l'améliorer, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a reproché à Marc Le Fur son revirement sur cette mesure, comme nombre d'élus de gauche, dont certains ont évoqué « Dr Jekyll et Mr Hyde ». Chez les socialistes mais aussi chez les écologistes, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la « démagogie » faisant porter à cette taxe la responsabilité de la crise du modèle breton d'agriculture et une volonté d'« instrumentaliser » une fronde.

Plusieurs orateurs de gauche ont aussi souligné que la suppression pure et simple de l'écotaxe coûterait près de deux milliards d'euros globalement et priverait d'un financement crucial pour les infrastructures de transports. Certains députés comme le chef de file des députés Front de Gauche André Chassaigne ou le socialiste Olivier Faure ont jugé que ce changement de pied entre les positions de l'UMP dans la majorité puis dans l'opposition contribuait à « flétrir la parole politique » et à alimenter le FN.

Budget de l'Ecologie en repli

L'UDI Bertrand Pancher n'a pas voté l'abrogation de la mesure, convaincu notamment qu'une telle taxe poids lourds est « inéluctable » en France, même s'il était pour un report afin de « trouver les modalités d'un accord ».

Soutenu par les socialistes, écologistes et radicaux de gauche, mais rejeté par le Front de Gauche mais aussi l'UMP et l'UDI, le budget 2014 de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie a été voté par l'Assemblée nationale. Hors investissements d'avenir, les crédits de cette mission seront en recul de 500 millions d'euros, soit une baisse de 6,5% sur un an à 7,2 milliards d'euros.

L'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho a été limogée début juillet après avoir critiqué le budget 2014 en préparation et notamment celui de son ministère. Celle qui est redevenue députée socialiste était absente de l'hémicycle pour ce débat.