La Cour d'appel de Versailles a reporté jeudi au 14 novembre sa décision dans le litige entre le frère d'un gros gagnant à l'Euro Millions et une filiale de la banque UBS à laquelle il réclame plus de 5,4 millions d'euros pour l'avoir mal conseillé, a-t-il annoncé à l'AFP.

Les frères Brun sont devenus célèbres à Bègles (Gironde) depuis que Pascal, boucher de 43 ans, a gagné 26,2 millions d'euros à la loterie fin 2004. En 2005, il aide son frère Stéphane, buraliste, à racheter l'hôtel Victoria de Grasse (Alpes-Maritimes) –en se portant garant de l'emprunt– avec l'objectif de le revendre rapidement en dégageant une confortable plus-value. L'année suivante, Stéphane Brun choisit, parmi les acquéreurs proposés par UBS Immobilier mandatée pour l'opération, la société FGOMES dirigée par un certain Fernando de Almeida Gomes prétendument richissime.

Mais l'affaire se révèle être un fiasco : FGOMES ne consigne jamais la caution, ne paie pas les loyers. L'entreprise est mise en liquidation judiciaire en octobre 2007, et M. Gomes placé en faillite personnelle. « J'ai eu affaire à une bande organisée d'escrocs. UBS m'a assuré que cette personne était milliardaire, or elle n'était pas solvable. La banque n'a rien vérifié, pire, elle m'a caché des éléments », avait déclaré Stéphane Brun avant l'audience devant la 13e chambre civile le 1er juillet.

« La banque a fait miroiter des opérations complexes pour quelqu'un comme mon client qui n'est pas du métier », selon son avocat Bertrand Lissarrague.

Mais le conseil d'UBS, Jean-Pierre Mattout, estime au contraire que le groupe bancaire a été irréprochable. « La mission d'UBS s'est achevée à l'instant où les offres ont été transmises à M. Brun. C'est lui qui, en toute liberté, a choisi l'acquéreur », avait-il dit lors de sa plaidoirie. « Les problèmes de M. Brun sont dus à ses propres erreurs », a réaffirmé l'avocat à l'AFP.

En janvier 2010, le tribunal de commerce de Paris avait condamné UBS Immobilier à 312.000 euros de dommages et intérêts, pointant du doigt la « grande négligence » de la filiale de la banque suisse. Ce jugement avait été infirmé en mars 2011 par la Cour d'appel de Paris. Mais la Cour de cassation avait, en juin 2012, cassé l'arrêt et renvoyé l'affaire devant la cour d'appel de Versailles.