Une trentaine d'acteurs du marché de l'immobilier, qui contestent toute envolée récente des loyers, ont annoncé mardi la mise en place au niveau national de leur propre observatoire, concurrent de ceux prévus au plan local par le gouvernement.

« Nous voulons faire de Clameur un observatoire le plus large possible, mis à jour quotidiennement, qui intègre tous les professionnels de l'immobilier et tous les organismes publics et para-publics qui veulent avoir une base d'observation des loyers la plus fiable possible », a déclaré à la presse François Davy, président de Clameur et du réseau d'agences immobilières Foncia.

Fondé en 1998, Clameur analyse les loyers à partir des données – 200.000 baux signés par an, soit 1 sur 6 – fournies par des professionnels du secteur, dont les promoteurs Bouygues Immobilier et Tagerim, les réseaux d'agences immobilières Century 21 et Foncia, les propriétaires réunis au sein de l'UNPI, les foncières Nexity et Icade (filiale de la Caisse des Dépôts), etc. Il compte monter en puissance avec notamment l'arrivée récente de l'association Plurience, qui regroupe de grandes enseignes de la gestion/transaction.

« Courant 2014 », toutes les données de cet observatoire seront « accessibles au grand public, de manière permanente et gratuite. Cela ne va rien coûter au contribuable », a poursuivi François Davy lors d'une conférence de presse tenue dans les locaux de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Contre l'encadrement Duflot

Débattu à l'Assemblée nationale à compter de ce mardi, le projet de loi de la ministre du Logement Cécile Duflot prévoit d'encadrer les loyers dans les zones dites « tendues ». Dans ces agglomérations de plus de 50.000 habitants marquées par un fort déséquilibre entre offre et demande de logements, les loyers ne pourront excéder de plus de 20% un « loyer médian », calculé grâce aux données collectées par des observatoires locaux des loyers. Dix-neuf observatoires pilotes ont été mis en place, avant le maillage complet du territoire prévu à la mi-2014.

Le projet de loi est contesté par les professionnels, qui le jugent contraire aux intérêts des propriétaires et du marché, mais aussi par les associations de droit au logement, qui l'estiment trop timoré. Cet été, la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) avait d'ailleurs suspendu sa participation à ces observatoires, afin de protester contre les propos jugés « méprisants » de Mme Duflot envers les professions immobilières. La ministre avait notamment accusé, dans la presse, les agences immobilières de facturer « des honoraires élevés ne correspondant pas au service rendu » et reproché à « beaucoup trop de syndics » d'avoir « augmenté leurs tarifs de façon inconsidérée ».

Pas de « flambée des loyers »

Clameur conteste la « flambée des loyers » mise en avant par la ministre du Logement pour réguler le secteur, en faisant valoir que, selon ses données, les loyers de marché n'ont augmenté, depuis 2006, que de 1,4% en moyenne chaque année, soit légèrement moins que l'inflation (+1,6% en moyenne par an).

Cette évolution constitue un « décrochage remarquable, puisque de 1998 à 2006 ces mêmes loyers avaient augmenté de 4,1% chaque année, pour une inflation qui était de 1,8% par an », a précisé l'économiste Michel Mouillart, qui pilote les travaux de Clameur depuis sa création.