Le prêt étudiant est un produit paradoxal. Plus nécessaire que jamais, sa production chute pourtant d’année en année. Mais malgré ce déclin, il reste particulièrement mis en avant dans la communication des banques. Explications.

Revoilà la rentrée, et avec elle, le retour de certains thèmes de saison. Le coût de la vie étudiante en est un. Comme chaque année, le syndicat étudiant UNEF a ainsi publié courant août son enquête annuelle sur la question. Il y dénonce, une fois encore, la hausse des frais d’inscription à l’université, qui selon lui ont augmenté de 35% en 10 ans, et celle des charges liées au logement : un étudiant y consacrerait en moyenne 55% de son budget annuel, compris selon les villes et les études entre 10.500 et 15.500 euros.

En résumé, l’accès aux études supérieures n’a sans doute jamais coûté aussi cher en France, et de plus en plus d’étudiants rencontrent de plus en plus tôt des difficultés financières. Paradoxalement, le prêt étudiant apparaît dans le même temps en déclin : de source bancaire, le périmètre de ce marché aurait diminué d’un quart environ au cours des quatre dernières années.

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Le risque du surendettement étudiant

D’où vient ce paradoxe ? Ce déclin est-il lié à l’absence de demande des étudiants, qui préfèrent trouver un job d’appoint pour financer leurs études, au risque de placer celles-ci au second plan ? Ou sont-ce les banques qui ont durci leur conditions d’octroi ? Difficile à trancher, en l’absence de statistiques sur la question. « Le prêt étudiant est à manier avec précaution », concède toutefois Olivier Thuin, en charge de la clientèle jeune à la Banque Populaire, « notamment pour éviter le risque d’un surendettement étudiant, phénomène qui existe par exemple aux Etats-Unis ».

Cela n’empêche pas le volontarisme de certaines enseignes. La Banque Populaire a ainsi créé un site internet spécifique, la « Banque des étudiants », vitrine commerciale d’un partenariat tissé depuis 2006 avec LMDE (La mutuelle des étudiants, ex MNEF). Un partenaire de choix : la sécu étudiante est en effet obligatoire, et LMDE est le leader sur ce marché. Outre des offres commerciales réservées aux adhérents LMDE, le rapprochement entre les deux entités s’est concrétisé par la création du « Fonds de garantie des solidarités étudiantes » (FGSE), « qui facilite l’accès au crédit des étudiants en leur fournissant une garantie sur les prêts contractés auprès de la Banque Populaire », explique Olivier Thuin. Un dispositif concurrent du prêt garanti par l’Etat, créé en 2008. « Cette démarche permet à certains jeunes d’accéder à des études supérieures » poursuit-il. « C’est notre manière de maintenir l’ascenseur social, en cohérence avec nos valeurs et celles de LMDE ».

Le prêt étudiant, un produit d’appel

C’est un autre paradoxe : malgré son faible niveau d’activité, le prêt étudiant est un produit dont les banques continuent activement à faire la promotion. « Il occupe une place plus importante dans la communication des banques que ce qu’il pèse en réalité », confirme Olivier Thuin. « Entre 7 et 10% des étudiants seulement financent leurs études avec des prêts bancaires. Par contre, tous les étudiants se disent que peut-être un jour, ils en auront besoin. C’est donc un critère qu’ils prennent en compte, au moment de choisir leur banque. »

Au final, le prêt étudiant apparaît donc avant tout comme un des produits d’appel sur un marché stratégique : celui des jeunes. « Actuellement, 40% de nos clients quadragénaires ont ouvert leur premier compte chez nous avant 25 ans. Même si la clientèle est de plus en plus volatile, le marché des jeunes est un enjeu pour nous comme pour toutes les banques, dans la mesure où il s’agit de nos clients de demain. »