En perte de vitesse depuis des années, le Livret de développement durable (LDD) a retrouvé des couleurs en 2012 avec le doublement de son plafond de versement le 1er octobre dernier. Eclairage sur ce renouveau, grâce aux chiffres de l’Observatoire de l’épargne réglementée.

C’est le grand gagnant de la réforme de l’épargne réglementée, impulsée par François Hollande après son arrivée à l’Elysée : plus encore que son cousin le Livret A, le Livret de développement durable aura connu une année 2012 exceptionnelle. Un chiffre, parmi de nombreux autres, en témoigne : sur cette seule année, son encours total a progressé de 32,7%. En 2011, cette croissance s’était limitée à 2%…

Avec une collecte de 22,7 milliards d’euros (contre 1,3 milliard en 2011), le LDD a battu, et de très loin tous ses records historiques. Toutefois, contrairement au Livret A dont la collecte a été forte toute l’année, celle du LDD s’est fortement concentrée sur le dernier trimestre. A partir du moment où son plafond a été doublé le 1er octobre (passant de 6.000 à 12.000 euros), les Français ont semblé redécouvrir ce produit : sur ce seul dernier trimestre, la collecte a représenté 20,5 milliards d’euros, quand le Livret A attirait, sur la même période, « seulement » 16,8 milliards. Logiquement, l’encours moyen a également décollé : 3.734 euros fin 2012 (proche des 3.796 euros du Livret A), en hausse de 902 euros sur un an.

Forte concentration sur les « gros » comptes

Malgré cette année exceptionnelle, le LDD reste un produit d’épargne beaucoup moins universel que le Livret A. Le nombre de comptes (24,5 millions fin 2012) a d’ailleurs baissé de 100.000 unités au cours de l’année, et avec lui son taux de détention, passé de 37,6% fin 2011 à 37,1%. Il faut dire que pour bénéficier d’un LDD, il faut être imposable en France, ce qui exclut notamment les plus jeunes. Résultat : là où ces derniers sont légèrement surreprésentés dans la population détenant un Livret A, le LDD est majoritairement utilisé par des personnes âgées de 45 à 65 ans, avec une surreprésentation de cadres et professions intellectuelles, mais aussi de chefs d’entreprise, de commerçants et d’artisans.

Assez logiquement, les LDD sont généralement mieux garnis que les Livrets A. Le pourcentage de comptes dont le solde est inférieur à 150 euros culmine à 29,2%, un chiffre relativement stable depuis 2008 et bien inférieur au Livret A (45,6%). Le pourcentage de ceux qui dépassent l’ancien plafond de 6.000 euros est très élevé : 31%, quand seuls 10,5% des Livrets A excédaient les 15.300 euros fin 2012. A la même date, 4,5% des LDD, représentant 14,7% de l’encours total, avaient déjà atteint le nouveau plafond de 12.000 euros.

Ces LDD à plus de 6.000 euros d’encours représentaient 74,2% de l’encours fin 2012, un chiffre en hausse de 13 points en un an (61% fin 2011). Plus encore que le Livret A, l’encours de son petit cousin se concentre donc sur les « gros » comptes. C’est également vrai de sa collecte : en 2012, la collecte nette (versements moins retraits) des seuls LDD au plafond et au-delà a représenté 24,5 milliards d’euros. Soit un chiffre supérieur à la collecte nette globale du produit sur la même période.