La Cour des comptes évalue à environ 4 milliards d'euros l'épargne non réclamée placée sur des contrats d'assurance-vie et des comptes bancaires dont les propriétaires sont décédés ou introuvables.

« Le client ou son héritier qui ne se serait pas manifesté auprès de son établissement de crédit pendant une longue durée n'est en l'état actuel pas assuré de pouvoir récupérer les sommes qu'il y a déposées, sans que le capital ait été largement entamé par des frais de gestion », a regretté le premier président de la Cour, Didier Migaud. « S'il a souscrit un contrat d'assurance-vie, il n'est pas toujours assuré du versement rapide des sommes dues aux bénéficiaires qu'il a désignés, en particulier lorsque ces derniers ne sont pas informés de l'existence d'un contrat d'assurance-vie à leur profit », a-t-il poursuivi.

918 millions pour le seul Livret A

Côté banques, la Cour des comptes estime que l'encours non réclamé atteint au moins 1,2 milliard d'euros. Dans le détail, une grande partie de cette somme (918 millions d'euros) correspond aux encours détenus au sein des distributeurs historiques du Livret A (Banque Postale et Caisses d'Epargne) par des clients centenaires encore enregistrés mais décédés depuis longtemps.

S'y ajoutent les comptes identifiés comme inactifs depuis dix ans par cinq des sept établissements bancaires consultés par la Cour (298 millions d'euros). Ainsi, alors que la France compte seulement 20.106 centenaires, le nombre de centenaires ayant un compte ouvert s'élève à 674.014, a relevé Didier Migaud, notant que « même si des phénomènes de double détention ne peuvent être exclus, l'ampleur de l'écart conduit à penser que nombre de ces titulaires sont aujourd'hui décédés ».

Protection des épargnants

Côté assurances-vie, l'encours des contrats non réclamés représentait au moins 2,76 milliards d'euros en 2011, selon une enquête menée par les fédérations professionnelles du secteur Gema et FFSA, une « estimation basse » pour Didier Migaud. « La situation actuelle des avoirs bancaires inactifs puis en déshérence ainsi que des contrats d'assurance-vie non réclamés soulève de réels enjeux de protection des épargnants », a-t-il estimé.

Selon lui, « cette situation est d'autant plus préjudiciable que les personnes les plus susceptibles d'être touchées par la déshérence sont celles qui détiennent de petits dépôts bancaires ou des contrats d'assurance-vie d'un montant modeste ».