Le taux du Livret A va-t-il toucher, à l’occasion de sa réévaluation du 1er août prochain, un plus-bas historique ? L’hypothèse d’un repli de 1,75%, taux actuel, à 1% prend en tout cas de la consistance après la publication, hier matin, des derniers chiffres de l’inflation.

En mai, l’indice des prix à la consommation (IPC) hors tabac sur douze mois, principal indicateur pris en compte dans la formule de calcul du taux du Livret A, s’est légèrement redressé, passant de 0,6% en avril à 0,7%. Une première depuis août 2012, et le signe, peut-être, d’un retournement de tendance. Mais cette timide hausse reste dans l’immédiat insuffisante pour espérer un maintien du rendement du produit d’épargne le plus détenu en France (61,6 millions de comptes ouverts fin 2011).

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Rappelons le mode de calcul : en vertu du règlement n°86–13 de la Commission de la Réglementation bancaire et financière, le taux du Livret A est déterminé en ajoutant 0,25 point à l’IPC hors tabac sur douze mois, puis en arrondissant la somme obtenue au quart de point le plus proche. Ce qui donne actuellement un taux théorique de 1%, inférieur au plus bas niveau jamais atteint (1,25%, pratiqué entre le 1er août 2009 et le 1er août 2010). De quoi inquiéter les épargnants français qui ont largement profité des récents relèvements des plafonds de l'épargne réglementée, et pourraient craindre un rendement négatif si jamais l'inflation repartait à la hausse, à cause de l'effet retard induit par la réévaluation du taux tous les 6 mois seulement.

Un choix finalement politique

Si la menace se précise donc, nous n’en sommes pas encore tout à fait là. Tout d’abord, le taux du Livret A sera réévalué sur la base non pas de l’IPC du mois de mai, mais de celui de juin (publié le 11 juillet prochain). Ainsi, une simple hausse de 0,2 point (à 0,9%) de cet indice permettrait de limiter les dégâts, en maintenant le rendement à 1,25%. Peu probable, mais toujours possible.

Plus vraisemblablement, le gouverneur de la Banque de France, sur invitation du gouvernement, pourrait choisir de déroger à la règle de calcul. Le règlement déjà cité lui en laisse en effet la possibilité : « (…) Lorsque (…) la Banque de France estime que des circonstances exceptionnelles justifient une dérogation (…) ou que l’application de la [règle de calcul] conduit à un nouveau taux (…) ne permettant pas de préserver globalement le pouvoir d’achat des épargnants, le Gouverneur transmet l’avis et les propositions de taux de la Banque de France au ministre chargé de l’économie », qui tranche en dernier ressort.

Au final, le choix risque donc bien, comme souvent avec le Livret A, d’être politique : le gouvernement acceptera-t-il la règle du jeu, au risque de diminuer l’attractivité de l’épargne réglementée ? Ou préférera-t-il le coup de pouce au Livret A, choix sans doute plus fructueux en terme de popularité ? Réponse mi-juillet.