Selon Pierre Moscovici, Bercy pourrait déposer un recours en nullité contre l'arbitrage rendu en 2008 en faveur de Bernard Tapie. Aucune procédure ne viserait par contre Christine Lagarde qui « conserve la confiance des autorités de l'Etat ».

« Mon rôle comme ministre des Finances est d'être vigilant et de veiller à ce que les intérêts de l'Etat ne soient pas lésés », a déclaré à l'AFP Pierre Moscovici, interrogé sur ses propos sur cette affaire rapportés par Le Monde mercredi. « S'il s'avérait que les intérêts de l'Etat ont été lésés, alors Bercy utilisera les voies de droit qui sont à sa disposition, parmi lesquelles la constitution de partie civile dans le volet non ministériel du dossier », a ajouté le ministre, précisant qu'il s'agirait d'avoir accès au dossier pour tous les acteurs hormis Mme Lagarde.

Dans un deuxième temps, Bercy envisage, si nécessaire, de déposer un « recours en nullité » contre l'arbitrage lui-même, a affirmé Moscovici, confirmant ses propos au Monde. « Mme Lagarde conserve toute la confiance des autorités françaises et la mienne », a répété le ministre.

Lagarde sous la menace d'une mise en examen

L'actuelle présidente du Fonds monétaire international (FMI) doit s'expliquer jeudi devant la Cour de justice de la République (CJR) sur la décision de l'Etat de recourir à un tribunal arbitral qui a octroyé 285 millions d'euros à Bernard Tapie (400 millions avec les intérêts) pour solder le litige après la vente d'Adidas. Ministre de l'Economie entre 2007 et 2011, Christine Lagarde est sous la menace d'une mise en examen. Elle est visée par une enquête pour « complicité de faux et de détournement de fonds publics » qui a conduit à la perquisition de son domicile parisien le 20 mars.

Elle va devoir justifier la décision, donnée par écrit en octobre 2007 à de hauts fonctionnaires, de recourir à cet arbitrage, sur les montants octroyés et sur le choix de ne pas engager de recours en annulation contre cet arbitrage.

Une information judiciaire est également en cours devant le tribunal de grande instance de Paris sur le volet non-ministériel de l'affaire, pour « usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit ».