Le Crédit Coopératif vient de dévoiler ses résultats pour l’année 2012. Avec un nombre de clients et une collecte en augmentation, le bilan reste positif pour les dirigeants malgré un bénéfice net qui fond. A cette occasion, Jean-Louis Bancel, le président du groupe Crédit Coopératif, a répondu à nos questions et évoque la situation et l’avenir de sa banque. Interview.

En 2012, le bénéfice net du Crédit Coopératif a fondu de 46% pour se fixer à 27,2 millions d’euros. Comment expliquez-vous cette baisse ?

« Il y a deux facteurs clés qui expliquent cette variation. Le premier est que nous sommes revenus en 2012 à un niveau normal du coût du risque sur crédit. En 2011, nous avons eu un coût sur crédit très faible : c’était une année exceptionnelle avec, notamment, beaucoup moins de dépôts de bilan. Etant donné que nous sommes une banque de PME, d’associations, de coopératives et de mutuelles, leur situation a des conséquences directes sur nos résultats. De mon point de vue, 2012 n’a pas été une année de dégradation puisque nous avons maintenu notre activité de crédits et augmenté nos encours.

Le deuxième facteur qui a pesé sur notre résultat net est l’obligation d’inscrire une moins-value sur nos titres BPCE. Le Crédit Coopératif détient 1% du capital de BPCE et nous avons constaté que nos titres valaient moins que leur valeur comptable historique. Cela dégrade de 7 millions d’euros nos résultats de l’année 2012. Sans ces 7 millions de « coup de gomme » sur la valorisation du titre BPCE, on aurait eu un résultat du même ordre de grandeur que les années habituelles, en dehors de l’année exceptionnelle de 2011. »

En 2012, vos encours des crédits et votre nombre de clients ont augmenté. De combien ?

« Sur tous les segments, notre nombre de clients a augmenté. L’augmentation moyenne frôle les 4% et est de 7% chez les particuliers. En 2012, il y a également une augmentation globale de notre encours de crédit : on a continué à prêter significativement aux associations, aux PME, aux coopératives, etc. Pour la première fois, on a fait quasiment un milliard d’euros (975,8 millions d’euros exactement, ndlr) en court terme grâce à un renforcement de nos actions dans certains secteurs d’activité comme les coopératives agricoles ou dans le domaine du logement social. »

Comment expliquez-vous cette augmentation du nombre de vos clients particuliers ?

« Je pense que c’est parce que le « besoin de Crédit Coopératif » est de plus en plus criant. Nous finançons l’économie réelle dans la transparence. Les particuliers se sont aperçus ces dernières années qu’ils ne savaient pas comment était utilisé l’argent qu’ils déposaient dans leur banque ou, pire, que leur argent servait à spéculer sur les marchés. Chez nous, ils savent concrètement à quoi sert leur épargne. Aujourd’hui, je me réjouis qu’un certain nombre de nos concurrents redécouvrent les valeurs coopératives et solidaires, mettant en avant, par exemple, le rôle de proximité du chargé de clientèle dans leur publicité. »

La banque en ligne ouverte en juin dernier, moncreditcooperatif.coop, a-t-elle contribué à ce gain de nouveaux clients ?

« Bien sûr ! Le Crédit Coopératif compte seulement 70 agences en France. Notre politique n’est pas d’ouvrir une agence à chaque coin de rue, donc le multicanal internet est très précieux pour le développement d’une structure telle que la nôtre. De plus, cette banque en ligne permet à nos clients et nos futurs clients de gagner du temps. C’est possible d’ouvrir un compte en dix minutes sur internet. En passant par une agence, le délai pour obtenir un rendez-vous est plus long… »

L’avenir s’assombrit pour les banques françaises : certaines prévoient des réductions de postes, d’autres un gel des recrutements. Des plans d’économie sont-ils prévus au Crédit Coopératif ?

« On ne prévoit pas des embauches gigantesques en 2013 mais nous continuerons à recruter. Cette année, nous prévoyons également une croissance du produit net bancaire, du nombre de clients et de l’encours moins forte qu’en 2012. Nous souhaitons également améliorer l’accueil de nos clients en rénovant certaines agences en 2013-2014 et en continuant d’assurer une présence dans les grandes métropoles. »