Coup sur coup, le groupe bancaire néerlandais ING vient de vendre trois de ses filiales de banque directe, aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne. Pourquoi ce choix ? Les autres filiales, dont ING Direct France, sont-elles également concernées ?

Précurseur dans le domaine de la relation bancaire à distance, ING a essaimé, depuis la fin des années 1990, son concept de banque en ligne sans frais, aux produits simples et transparents. La marque ING Direct s’est ainsi installée successivement au Canada (1997), en Espagne et en Australie (1999), en France et aux Etats-Unis (2000), en Italie et en Allemagne (2001), au Royaume-Uni (2003) et enfin en Autriche (2004). Autant de pays où la banque orange ne possédait pas de réseaux d’agences physiques.

Cette période d’expansion à l’échelle mondiale semble toutefois avoir vécu. En février dernier, le groupe néerlandais a finalisé la cession d’ING Direct USA. Pour un montant de 9 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) dont 2,7 milliards de dollars en actions (1), elle a cédé son portefeuille de 81 milliards de dollars de dépôts et 7 millions de clients particuliers, permettant à l’acquéreuse, Capital One, de devenir la 5e banque de dépôt des Etats-Unis, et la n°1 sur internet.

En août, c’est au tour d’ING Direct Canada d’être vendu à un concurrent, Scotiabank, pour un montant de 3,1 milliards de dollars canadiens (2,5 milliards d’euros). Enfin, dernier mouvement en date, la banque orange a annoncé il y a quelques jours la cession d’ING Direct UK au géant britannique Barclays, qui récupère ainsi 1,5 million de clients, 10,9 milliards de livres (13,4 milliards d’euros) de dépôts et 5,6 millions de livres (6,9 milliards d’euros) d’encours de crédits.

Encore 3 milliards d’euros à rembourser

Pourquoi démanteler un réseau de banques en ligne qui, en règle générale, avaient rencontré un grand succès ? C’est en fait une des conséquences de la crise des subprimes. Très affectée, via notamment sa filiale ING Direct USA, la banque néerlandaise avait dû, fin 2008, appeler à l’aide l’Etat néerlandais, à hauteur de 10 milliards d’euros. Quatre ans plus tard, il lui en reste encore trois à rembourser, d’ici la fin 2013. La banque orange est donc lancée dans une quête de cash, sous l’œil attentif de la Commission européenne.

En effet, comme d’autres grandes banques sauvées des eaux grâce à l’argent public, ING s’est vu imposer par Bruxelles une cure d’amaigrissement - qu’elle conteste devant la justice - dans des secteurs considérés comme non-stratégiques. La banque en ligne n’est d’ailleurs pas la seule concernée. Dès 2009, ING a soldé, contrainte et forcée, son pôle assurances aux Pays-Bas. Le groupe cède actuellement d’autres actifs en Asie, également dans le domaine de l’assurance et de la gestion d’actifs. Par contre, si l’on en croit le dernier communiqué en date d’ING, les autres déclinaisons d’ING Direct, en Australie et en Europe, ne sont pas concernées par la restructuration.

(1) ING a revendu en septembre ces actions, récupérant au passage une plus-value après impôts de 300 millions d’euros.