Absence de frais d’entrée, frais de gestion réduits, rendement dans la moyenne haute du marché… L’assurance-vie en ligne ne manque pas d’atouts pour séduire les épargnants. Néanmoins, ce marché qui représente entre 1 et 2% de la collecte d’assurance-vie, soit un peu moins de 2 milliards d’euros en 2011, peine à se développer.

Si l’assurance vie en ligne est définitivement installée dans le paysage assuranciel français, elle n’en demeure pas moins marginale. « [Elle] constitue un marché de niche en France qui progresse difficilement », indique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures. « Cela s’explique car il y a assez peu de particuliers qui font le choix d’être totalement autonomes. Internet sert surtout à capter le prospect pour ensuite le diriger vers les réseaux physiques ou à distance. ».

Le manque de conseils, principalement dans l’allocation d’actifs, constitue l’un des obstacles à la progression de ce marché. « Les pure-players essaient d’y pallier en enrichissant de plus en plus leur site internet. Certains sont tellement riches et sophistiqués qu’ils en deviennent moins accessibles pour le grand public », poursuit Cyrille Chartier-Kastler. « Plusieurs acteurs ont également mis en place des mandats de gestion pour apporter un conseil. Les seuils d’accessibilité ont fortement baissé, certains mandats étant accessibles dès 5.000 euros. »

D’autres améliorations se généralisent. « Même à distance, différents intervenants ont développé le conseil via les foires aux questions en ligne, les chats, les réponses par mail dans des délais très courts », met en avant Olivier Nigen, directeur du développement de Suravenir (filiale du Crédit Mutuel Arkéa).

Trois assureurs principaux

Le marché est particulièrement concentré autour de trois assureurs principaux dont e-Cie Vie, filiale de Generali, leader avec une quinzaine de partenaires distributeurs tels que ING Direct, Boursorama et Altaprofits. La filiale a enregistré près d’un milliard d’euros de collecte en 2011, pour 160.000 contrats en portefeuille. Les deux autres assureurs majeurs sur ce créneau sont ACMN Vie et Suravenir. Ce dernier diffuse notamment son offre via Linxea, Fortuneo et Fidelity.

L’assurance-vie en ligne permet ainsi aux compagnies de tester leurs innovations. « Elle constitue en quelque sorte le département compétition des compagnies d’assurance vie. En effet, ces contrats bénéficient de nouveautés, d’options qui sont testées pour ensuite être répercutées sur les contrats traditionnels, à grande échelle », indique Olivier Nigen.

Une kyrielle d’avantages

Outre l’absence de frais d’entrée – alors que les contrats traditionnels affichent jusqu’à 5% –, l’assurance-vie en ligne comporte des frais de gestion annuels réduits qui s’élèvent fréquemment autour de 0,60%. Les arbitrages sont le plus souvent gratuits. Autres avantages incontournables de ces contrats, l’accessibilité 24h sur 24 et la rapidité de prise en compte des opérations. « Le client apprécie la possibilité d’effectuer des actes de gestion en ligne, notamment les arbitrages qui sont traités en J1 contre J2 pour les contrats traditionnels », détaille Stellane Cohen, directrice des partenariats grands comptes chez Generali Patrimoine.

Les rendements des fonds en euros des contrats internet sont globalement dans la fourchette haute du marché. La jeunesse des fonds en euros, dont le rendement n’est pas dilué par des lignes obligataires anciennes, contribue à cette tendance. Par exemple, le fonds euros de la gamme internet de Suravenir, présent dans les contrats tels que Symphonis Vie, Fidelity Vie, a servi 3,75% en 2011. Autres fonds, Eurossima d’e-Cie Vie, affiche un rendement de 3,72%, ceux d’ACMN Vie s’élèvent à 3,20% et 3,50% (respectivement Sélection Rendement et Internet Opportunités).

Un large public

Si auparavant l’assurance-vie en ligne s’adressait à une clientèle avertie, le public est désormais plus large avec un encours moyen par contrat de près de 24.000 euros, observe Generali. Qu’en est-il de la collecte de l’assurance vie en ligne en 2012 ? « C’est un marché en devenir qui pendant dix ans a enregistré une très belle croissance. Cette année, la distribution via internet est en retrait comme l’ensemble du marché de l’assurance vie », indique Stellane Cohen.

De son côté, Suravenir indique enregistrer une hausse de sa collecte d’assurance vie en ligne en 2012. Désormais, entre 15 à 20% de ses cotisations assurance-vie proviennent de ce canal. En 2011, la collecte « internet » de l’assureur a été stable, à près de 350 millions d’euros avec un portefeuille atteignant 62.000 contrats, en croissance de 8%.

Nouvelle tendance pour ces acteurs, la mise à disposition de deux fonds en euros dans une optique de diversification. Ainsi, la filiale de Generali propose à ses partenaires en plus d’Eurossima, le fonds Netissima depuis fin 2011, incluant une large part d’actifs immobiliers. Suravenir a également ajouté un deuxième fonds en euros à sa gamme en juillet dernier, Rendement Opportunités, plus dynamique.