La présidente du Medef Laurence Parisot a déclaré mardi considérer « avec effroi » la préparation du budget 2013 de la France, estimant que la part importante des hausses d'impôts risquait de provoquer « un choc de non compétitivité ».

En annonçant 20 milliards de hausses d'impôts supplémentaires répartis à égalité entre entreprises et ménages pour 2013 et en confirmant un effort de 10 milliards sur les dépenses publiques, l'exécutif ne s'attaque « toujours pas au cœur du problème », a estimé Laurence Parisot lors de sa conférence de presse mensuelle.

Tout en jugeant « essentiel pour la crédibilité de la France sur les marchés » d'atteindre l'objectif affiché par Paris d'un déficit public réduit à 3% du produit intérieur brut fin 2013, la patronne des patrons a estimé qu'il y avait « plusieurs façons d'atteindre un tel objectif ». Pour elle, il conviendrait de présenter un budget qui « réduise deux fois plus la dépense publique qu'il n'augmente les impôts : c'est le choix de la plupart des pays confrontés à des difficultés budgétaires ».

« Nous craignons que les agents économiques que sont à la fois les ménages et les entreprises adoptent des comportements dès la présentation du budget, des comportements qui ne seront pas favorables à la consommation et à l'investissement et donc à la stimulation de la croissance », a-t-elle déclaré.

 Trop tard pour un « paquet compétitivité »

Le gouvernement a décidé de procéder en deux temps. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a ainsi promis le 11 septembre de présenter d'ici la fin de l'année des propositions, sous la forme une loi de finances rectificative, donnant lieu à un « vrai choc de compétitivité » après la remise d'un rapport du commissaire général à l'investissement Louis Gallois. « Il est difficile d'imaginer que ce choc de compétitivité puisse réellement se réaliser si auparavant les engagements budgétaires votés créent absolument le contraire, voire engagent le pays vers un ralentissement sévère », a rétorqué mardi Mme Parisot.

« Nous sommes d'autant plus préoccupés qu'en réalité la réduction de la dépense publique annoncée de 10 milliards n'en est pas une » mais est « une réduction de l'augmentation des dépenses publiques », a lancé la patronne des patrons. François Hollande avait promis avant l'élection présidentielle de limiter à 1,1% en volume, c'est-à-dire à prix constants, la progression des dépenses publiques dans leur globalité (Etat, collectivités locales et sécurité sociale), face à une hausse tendancielle annuelle de 2%.

« Le gouvernement nous écoute »

« Je ne dis pas que le gouvernement est anti-entreprises », s'est expliquée Mme Parisot. « Nous constatons que le gouvernement nous écoute », a-t-elle concédé, dans une allusion notamment au maintien du dispositif permettant de réduire son impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en cas d'investissement dans une PME ou de la réduction plutôt que l'élimination pour les entreprises de la possibilité de déduire leurs intérêts d'emprunt pour réduire leur impôt.

« Mais il reste des points qui sont totalement effrayants et c'est l'équilibre général que nous regardons avec effroi », a-t-elle insisté, ajoutant : « ce travail sur les dépenses publiques, il est fondamental ».