Accueillir des tournages, gérer des biens immobiliers, vendre du vin, ou encore dérouler le tapis rouge aux patients étrangers fortunés : les hôpitaux français, en mauvaise santé financière, exploitent différents filons, avec des fortunes diverses.

Surfant sur la vague de l'engouement du public pour les blouses blanches après le succès des séries américaines « Urgences » ou « Docteur House », le cinéma se tourne de plus en plus vers ces nouveaux héros, que ce soit pour de la fiction ou du documentaire, et sollicitent les hôpitaux pour bénéficier de cadres beaucoup plus intéressants que de simples studios. Plus ou moins réticents au départ, des établissements se sont laissés convaincre. Même si les rentrées d'argent sont plutôt modestes, leur image y gagne et les personnels se sentent valorisés.

Une série documentaire

C'est le cas à l'hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) qui a accueilli la série documentaire « Baby Boom » diffusée par TF1, dans laquelle de futurs mamans et leurs proches sont filmés dans les derniers jours de grossesse et pendant l'accouchement. « Le tournage a été pour nous une jolie vitrine car elle montre le travail des sage-femmes, une profession peu connue, et de tout le personnel, dont les médecins, et ce 24 heures sur 24 », indique Françoise Damageux, cadre de santé et sage-femme elle-même.

L'établissement a reçu une indemnisation plutôt modeste de 14.500 euros, soit 0,01% de son budget, mais a mis en avant les locaux et le personnel de sa maternité de niveau 3, le plus haut niveau qui ne concerne que cinq hôpitaux publics dans Paris intra muros.

A Marseille (Bouches-du-Rhône), on entre dans une autre dimension. Les caméras y ont désormais droit de cité. A tel point que même le siège de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) se transforme en un lycée certains jours pour la série à succès « Plus belle la vie » sur France 3.

Dons et legs

« Nous venons à 7H00 du matin travailler, les caméras sont là et on nous demande parfois de patienter cinq minutes », raconte Bastien Ripert, chef de cabinet et responsable de la communication. L'AP-HM propose aux producteurs d'images aussi bien des locaux médicaux que des bâtiments de son patrimoine historique. Les recettes en hausse constante s'élèveront à 100.000 euros en 2012.

Sous l'impulsion de son directeur général Jean-Paul Segade, les hôpitaux marseillais montrent un dynamisme remarqué dans l'exploitation des ressources annexes depuis 2008. « Historiquement, les hôpitaux français ont bénéficié de dons et de legs, des mines de richesses qui étaient inexploitées, nous on essaye d'inculquer des principes de bonne gestion », explique M. Ripert. Si une personne s'occupe à temps partiel des tournages, ce sont deux juristes à temps plein qui gèrent et valorisent le patrimoine immobilier.

L'assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dont le patrimoine très varié est sans comparaison en France - elle est le 4e propriétaire foncier à Paris - cherche aussi à l'optimiser au mieux. Ses ventes en 2010 sont un inventaire à la Prévert : 590 parcelles agricoles, 56 forestières, un manoir, 7 immeubles dans le centre de Paris (63 logements), 10 pavillons, 6 terrains constructibles... Le patrimoine des Hospices civils de Lyon (HCL) leur ont rapporté 52 millions en 2011.

D'autres établissements tirent profit de leur patrimoine viticole, dont Strasbourg et bien-sûr le centre hospitalier de Beaune, dont les ventes des fameux Hospices rapportent annuellement autour de 5 millions.

Dans le domaine des soins, les hôpitaux parisiens et marseillais ont annoncé récemment qu'ils allaient mieux rentabiliser l'accueil de patients étrangers aisés, en créant des filières VIP. Un sujet controversé qui rebondira à la rentrée. L'exploitation du patrimoine des hôpitaux a représenté 25 millions de bénéfices et 70 millions de ventes annuellement ces 10 dernières années, selon la Cour des comptes, qui estime qu'ils peuvent mieux faire.