Selon le Financial Times, les régulateurs bancaires enquêtant sur le scandale du Libor se penchent sur les liens entre les traders de la banque britannique Barclays, à l'origine du scandale, et ceux de quatre autres banques européennes, dont deux françaises.

Selon le site internet du journal britannique qui cite des sources proches du dossier, il s'agirait d'employés des banques françaises Société Générale et Crédit Agricole, de l'allemande Deutsche Bank et de la britannique HSBC. L'article précise que ces personnes ne travaillent plus pour les banques en question.

Le Crédit Agricole, dans un communiqué, a rapidement démenti l'information, précisant notamment « qu'il n'était pas membre du panel Libor entre 2005 et 2009 » et « qu’il ne fait l'objet d'aucun grief ».

Selon les informations de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel publiées dimanche, la Deutsche Bank a de son côté proposé aux autorités européennes et suisses de coopérer totalement avec les enquêteurs, afin d'éviter une condamnation trop lourde, en bénéficiant d'un statut de « témoin repenti ».

Concernant l'implication éventuelle de banques françaises, le gouverneur de la banque de France Christian Noyer avait de son côté déclaré mercredi qu'« elles ont été interrogées par les autorités compétentes et les réponses, apparemment, ont été satisfaisantes puisqu'à ce stade, il n'y a aucune suite ». « Pour l'instant, personne n'a dit, n'a émis l'idée qu'elles avaient participé », avait-il martelé.

Une réforme du Libor ? 

Les réactions se multiplient aux Etats-Unis aussi. Le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, a déclaré mercredi que les Etats-Unis allaient se mobiliser pour une réforme « solide et crédible » du Libor. Selon le PDG de la banque américaine Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, le principal effet négatif qui peut ressortir de l'affaire, c'est que cela risque « de miner la confiance dans l'intégrité du système financier alors qu'elle a déjà été laminée ».

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke a lui estimé mardi que les actions révélées jusqu'alors « ne sont pas seulement très préoccupantes en elles-mêmes mais ont aussi pour effet de saper les marchés ». Une analyse partagée par le FMI qui estime que « la plus grave conséquence de ce scandale (...) tient dans le fait qu'il sape la certitude et la confiance que les marchés ont dans les indices de référence », selon José Vinals, directeur du département des marchés de capitaux internationaux du FMI, lors d'une conférence de presse lundi à Washington.

Référence indirecte pour les crédits aux ménages

Le Libor est un taux interbancaire auquel une banque prête ou emprunte de l'argent à une autre pour assurer son financement de court terme. C'est un marché non réglementé, dit de gré à gré, sur lequel les banques sont présentes quotidiennement afin d'équilibrer leurs comptes.

La circulation des liquidités sur ce marché est essentielle au bon fonctionnement du système bancaire et financier et ces taux (le Libor et un autre taux interbancaire, l'Euribor) ont des répercussions sur l'ensemble de la sphère financière, en particulier les produits financiers dérivés qui brassent des sommes gigantesques. Ils servent également de référence indirecte pour des crédits aux ménages et aux entreprises.

Le Libor est privilégié par les banques anglo-saxonnes, même s'il existe un taux pour plusieurs grandes devises, comme le dollar, l'euro ou la livre sterling. Pour chaque taux, il regroupe un panel de 6 à 18 banques pour chaque devise.