Nouveau venu dans l’univers des sites internet spécialisés dans l’épargne, « Good Value for Money » se présente comme un « prescripteur » d’assurance-vie, plutôt que comme un simple comparateur. Pour en savoir plus, nous avons interviewé Cyrille Chartier-Kastler, le patron du site.

Cyrille Chartier-Kastler, d’où vous est venue l’idée de lancer Good Value for Money ?

« Tout est parti d’un constat : les particuliers vont de plus en plus sur Internet pour chercher des informations sur les produits d’épargne, mais ils souscrivent peu. Cela tient, je crois, à la nature des sites qui leur proposent aujourd’hui des assurances-vie. Ceux des assureurs et des courtiers, notamment, ont un problème de légitimité, puisqu’ils peuvent difficilement dire que leurs produits ne sont pas bons. »

Qu’est-ce qui distingue votre « prescripteur » d’assurance-vie des habituels comparateurs ?

« Les comparateurs s’appuient sur une logique purement tarifaire. Cela fonctionne bien pour l’assurance automobile ou santé, moins pour l’épargne. Nous n’avons rien contre ces sites, mais ils ne répondent pas aux besoins des épargnants qui recherchent surtout le meilleur rapport qualité-prix. Notre promesse est donc de proposer, gratuitement, une sélection de produits de très bonne qualité intrinsèque, accompagnée de contenus documentaires de qualité, à jour et tournés vers le client. »

Comment procédez-vous pour tenir cette promesse ?

« Nous allons tout simplement regarder sous le capot. Nous avons sollicité la quasi-totalité du marché, en demandant aux distributeurs de nous soumettre leurs produits. Nous les passons ensuite au crible d’une grille d’analyse regroupant 70 critères de notation. Par exemple, nous regardons s’il y a égalité de traitement entre les anciens et les nouveaux clients sur le rendement du fonds en euros. Chaque contrat reçoit ensuite une note, ainsi que la liste des items qui ont généré le plus de points positifs et de points négatifs. Ce résultat est restitué aux compagnies, qui nous rémunèrent pour ce travail d’analyse. Ensuite, si le produit correspond à nos critères de qualité, nous proposons de l’afficher sur le site, accompagné, ou pas, d’un lien commercial permettant d’entrer directement en relation avec le distributeur. »

Avez-vous refusé d’afficher certains produits ?

« C’est arrivé, mais nous avons, vis-à-vis des compagnies qui nous sollicitent, un engagement de confidentialité. Nous sommes les seuls à savoir si un produit n’a pas été retenu, ou si son distributeur a simplement refusé qu’il soit présenté sur notre site. »

Tous les acteurs du marché ont-ils répondu à vos sollicitations ?

« Non, certains ne sont pas venus. C’est le cas des opérateurs internet low-cost, qui sont déjà conçus pour aller chercher en direct les clients. Nous avons également peu de produits des bancassureurs, qui ne sont pas organisés pour traiter un surcroît de demandes de contact, au contraire des mutuelles ou des associations d’épargnants. Enfin, les compagnies d’assurance traditionnelles ne sont pas venues non plus, souvent parce que leur plan d’action 2012 était déjà bouclé au moment de la sollicitation. Mais depuis le lancement du site, certains acteurs, peu intéressés dans un premier temps, sont revenus vers nous. »

Vous êtes propriétaire à 100% de Good Value for Money. Pourquoi avoir refusé de solliciter des investisseurs ?

« Effectivement, j’ai investi personnellement 800.000 euros sur le projet, ce qui représente un risque financier important. Mais je considère que lorsqu’on veut entrer sur Internet, il faut s’en donner les moyens. J’ai refusé de faire un tour de table, car je ne veux pas avoir la pression d’un fonds d’investissement qui me pousse à faire des bêtises sur le plan éthique. »

Vous lancez votre site dans un contexte plutôt défavorable pour l’assurance-vie. Etait-ce vraiment le bon timing ?

« J’aime bien l’idée de jouer les choses à contre temps. Effectivement, le marché de l’assurance-vie est plutôt dans une phase de décollecte, liée à la baisse du pouvoir d’achat. Mais il faut remarquer que le volume des versements continue de croître, et que les rachats sont majoritairement des rachats partiels : les épargnants prélèvent de l’argent sur leur assurance-vie pour compenser la baisse de leur pouvoir d’achat, mais ne le ferme pas. Je suis donc persuadé que l’assurance-vie n’est pas morte, et qu’elle dispose encore d’énormes atouts. »