La réorganisation du mastodonte de Bercy autour de deux pôles, Économie et Finances d'un côté, et un inédit ministère du « Redressement productif » de l'autre, traduit la priorité numéro un donnée par François Hollande à la réindustrialisation de la France et aux PME.

Pierre Moscovici aura la haute main sur l'Economie, les Finances mais aussi le Commerce extérieur. Il aura auprès de lui deux ministres délégués, Jérôme Cahuzac, ancien président de la Commission des finances de l'Assemblée, au Budget, et Benoît Hamon, à l'Economie sociale et solidaire.

L'autre pôle sera placé sous la direction d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, un rôle qu'il avait préfiguré avec un « tour de France des usines » effectué au nom de François Hollande au cours de la campagne présidentielle. Arnaud Montebourg aura lui aussi deux ministres délégués à ses côtés, Fleur Pellerin (PME, Innovation et Economie numérique) et Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce et Tourisme). Le ministère du Redressement productif est dans la droite ligne du débat sur la réindustrialisation de la France qui s'était imposé comme une dominante de la campagne présidentielle, au gré des déboires d'entreprises comme Lejaby et Sernam ou la raffinerie du suisse Petroplus à Petit-Couronne.

Dans le gouvernement sortant, Bercy était organisé autour de deux ministères « pleins », celui de l'Economie, des Finances et de l'Industrie occupé en dernier lieu par François Baroin, et celui du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'Etat, confié à Valérie Pécresse. Trois secrétaires d'Etat complétaient le dispositif. L'un d'eux disparaît totalement, le Commerce extérieur. La fonction sera pleinement assumée désormais par Pierre Moscovici, en première ligne aussi sur le Budget. A noter que l'Emploi, de la compétence du ministre de l'Economie et des Finances jusqu'en novembre 2010 lorsqu'un ministère ad hoc avait été créé, restera à l'extérieur du périmètre de Bercy. Michel Sapin en est chargé.

« Patriotisme industriel »

François Hollande avait appelé à un « patriotisme industriel », dont Arnaud Montebourg s'était déjà fait le chantre dès la primaire socialiste à l'automne 2011. Surtout, le nouveau président de la République a placé ces questions en tête de ses « 60 engagements pour la France ».

Le tout premier d'entre eux était la création d'une banque publique d'investissement pour concourir au développement des PME, des « filières d'avenir » et à la « conversion écologique et énergétique de l'industrie ». Le second était la « priorité » donnée aux PME et le troisième, le soutien à la production et à l'emploi en France par le jeu des financements, des aides publiques et de la fiscalité.

Ces engagements doivent être concrétisés au lendemain des législatives des 10 et 17 juin par une importante réforme fiscale. Parmi les mesures phare attendues : la modulation de l'impôt sur les sociétés au bénéfice des PME et des entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices, ainsi qu'une surtaxe sur les bénéfices des banques et des sociétés pétrolières.

Le ministère des Finances a connu de nombreuses transformations sous la Ve République. D'abord ministère des Finances et des Affaires économiques, il était devenu en 1966 le ministère de l'Economie et des Finances avant de voir ses compétences élargies en 1997 à l'Industrie. Le 18 mai 2007, dans la foulée de l'élection de Nicolas Sarkozy, Bercy avait été scindé en deux entités - les Finances et le Budget -afin de distinguer ses missions stratégiques de la gestion plus immédiate des finances publiques.