Dans un document de synthèse, la cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise a estimé mardi à 11,4 milliards d'euros les mesures insuffisamment financées ou les économies surestimées dans le programme de Nicolas Sarkozy.

Evoquant le « cadrage budgétaire général » du projet, l'Institut de l'entreprise, un « think tank » (ou groupe de réflexion) proche du patronat dont le chiffrage des programmes de la présidentielle est généralement peu contesté, relève « des objectifs d'économies budgétaires particulièrement ambitieux ».

Réformes structurelles « imprécises »

La cellule souligne aussi que si « l'effort proposé (124,5 milliards d'euros de recettes et d'économies sur la durée du quinquennat, NDLR) est présenté comme le simple prolongement des efforts passés », il exigerait en réalité « d'aller au-delà des politiques de rationalisation menées jusqu'à aujourd'hui ». Or, selon ces experts, les « réformes structurelles » qui seraient nécessaires sont encore « imprécises » dans le programme du candidat de l'UMP.

Toujours selon eux, le succès de certaines dispositions reste « aléatoire » dans la mesure où elles supposeraient que l'Etat parvienne à « convaincre d'autres acteurs publics », collectivités territoriales ou partenaires européens.

Dans le détail, la cellule estime à 6,4 milliards, contre 4 milliards selon l'UMP, les dépenses supplémentaires annoncées pendant la campagne de Nicolas Sarkozy. En cause, principalement : les 24.000 places de prison, ainsi que les 200.000 places d'accueil pour la petite enfance. Toujours selon l'Institut de l'entreprise, les économies sur les dépenses publiques ne représenteraient aussi que 37,1 milliards d'euros contre 40 estimés par l'UMP, soit un écart de 2,9 milliards. Celui-ci résulterait pour l'essentiel d'économies moindres qu'attendu dans les dépenses de personnel de l'Etat et des collectivités territoriales (le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite).

Des recettes fragiles

Quelque 5,3 milliards résulteraient aussi de mesures oubliées par le chiffrage de l'UMP. Pour l'essentiel, il s'agit de la division par deux des droits de mutation (3,8 milliards d'euros, selon l'Institut) et de la revalorisation du salaire des enseignants du collège (un milliard).

Le solde des 11,4 milliards d'euros, soit 800 millions, résulterait d'estimations légèrement divergentes des pertes fiscales annoncées pendant la campagne (pour 300 millions d'euros) et sur les prélèvements nouveaux (500 millions).  L'Institut de l'entreprise (http ://www.debateco.fr) prévient de surcroît que ses estimations sont « conservatrices » car ne tenant « pas compte de la fragilité de certaines des recettes nouvelles contenues dans le projet de l'UMP ».