Nicolas Sarkozy a placé jeudi la présentation de son programme sous le sceau de l'exigence budgétaire, indiquant que l'effort porterait « pour les trois quarts » sur les dépenses, par opposition au « matraquage fiscal » que prépare, selon lui, François Hollande s'il est élu.

Durant une conférence de presse entamée vers 15h15 et qui se poursuivait une heure plus tard, le président-candidat a notamment présenté une « lettre au peuple français » de 34 pages, tirée à plusieurs millions d'exemplaires et qui leur sera adressée dès jeudi, ajoutant avoir choisi ce concept car « l'écrit engage ».

Conformément à sa stratégie consistant à distiller les propositions, il a annoncé une nouvelle mesure en promettant que, dès juillet, les retraites seraient versées au 1er jour du mois et non plus le 8 comme aujourd'hui. Cette mesure changerait « la vie quotidienne de 15,5 millions de Français retraités » et permettrait à certains de ne plus avoir des « comptes en banque déficitaires », a-t-il estimé. Il a aussi proposé de supprimer la possibilité de déduire des impôts les frais qu'une entreprise engage pour se délocaliser en dehors d'Europe.

L'équilibre en 2016, « objectif impératif »

Mais, d'emblée, Nicolas Sarkozy a surtout placé l'ensemble de son projet sous « l'objectif impératif » de la réduction du déficit public. « L'ensemble de mon projet, il y a un rendez-vous : moins de 3% en 2013, l'équilibre en 2016 », a-t-il fait valoir, signalant que « grâce au courage des Français, nous sommes en avance sur la trajectoire de réduction de nos déficits ».

Il a pris la situation de l'Espagne comme contre-exemple. Ce « grand pays » est incapable d'être « au rendez-vous des engagements pris » et se trouve contraint « de baisser les retraites et de diminuer les salaires ». « La situation que connaissent aujourd'hui nos amis espagnols après celle qu'ont connue nos amis grecs nous rappelle à des réalités », a-t-il souligné.

En conséquence, Nicolas Sarkozy a affirmé son intention de faire voter la règle d'or budgétaire « dès l'été 2012 », accusant de nouveau les socialistes français d'être les seuls en Europe à ne pas avoir « voulu prendre cet engagement ». En « 2016, la France doit avoir un budget équilibré », a-t-il martelé.  Il a annoncé que Paris demanderait, s'il est président, le gel de sa contribution au budget de l'UE, une économie annuelle selon lui de 600 millions d'euros.

124,5 milliards à trouver

Répétant que les collectivités locales devraient réduire leur train de vie, il a indiqué que « les trois quarts » des efforts de l'Etat porteraient sur la réduction des dépenses. « Le quart restant » se fera « par la hausse des recettes », a ajouté le président-candidat, d'après qui le manque à gagner pour revenir à l'équilibre budgétaire en 2016 représente « 115 milliards d'euros », auxquels il faut ajouter le coût de ses propositions, qu'il a chiffrées à « 9,5 mds », soit un total de 124,5 mds.

Il a opposé cette stratégie au « matraquage fiscal » que préparerait le PS. Ce matraquage « promis aux familles et aux classes moyennes par le candidat socialiste est une question qui doit être au centre de la campagne », a déclaré le candidat de l'UMP qui a aussi fustigé « un festival de dépenses nouvelles » proposé par le camp adverse.

Nicolas Sarkozy, encore assez nettement devancé dans les sondages au 2e tour, a par ailleurs donné rendez-vous « par milliers » à ses soutiens le 15 avril place de la Concorde, à Paris, le jour même du meeting prévu par François Hollande au Château de Vincennes. Il a assuré sentir une « mobilisation », une « vague », autour de sa candidature.