L'Assemblée nationale a voté mardi un amendement UMP qui durcit et recentre la taxation des plus-values réalisées sur la cession de valeurs mobilières, telles des actions de sociétés, pour faire des économies mais aussi pour financer plus efficacement les PME.

L'exonération totale de ces plus-values après 8 ans de détention, qui devait s'appliquer aux cessions faites à partir de début 2012, aurait représenté un manque à gagner d'un milliard d'euros par an pour l'Etat en régime de croisière, a précisé le rapporteur général du Budget Gilles Carrez (UMP). La date de 2012 pour appliquer cette mesure coûteuse avait été retenue en raison d'un « pari sur l'amélioration des finances publiques » à cette échéance, mais cette amélioration « n'a pas été au rendez-vous », a-t-il observé lors de l'examen du budget 2012.

Recentrage sur le financement des PME

L'amendement voté instaure « un dispositif plus limité », visant à remplir « plus efficacement l'objectif de financement des petites et moyennes entreprises » et ayant « un coût moindre ». Pour être exonérés d'impôt, leurs détenteurs devront réinvestir leurs plus-values dans une nouvelle société. « Si un chef d'entreprise a créé son entreprise et la vend en faisant une plus-value, dès lors qu'il a cette entreprise depuis plus de 8 ans, qu'il réinvestit au moins 80% de la plus-value dans une autre entreprise plutôt de type PME et qu'il accepte de garder ce financement au moins 5 ans, l'exonération lui sera définitivement acquise », a expliqué Gilles Carrez.

L'abattement lié à la durée de détention des valeurs mobilières est en effet remplacé par un mécanisme de report d'imposition.

Pour être exonérés, les contribuables devront avoir détenu pendant au moins 8 ans au moins 10% des parts d'une société dont les titres sont cédés. Et au moins 80% de leur plus-value devra être réinvestie dans une entreprise, dans les trois ans qui suivent, pour en posséder au moins 5% du capital. Au bout de 5 ans de détention des titres acquis lors de ce réinvestissement, la plus-value reportée sera définitivement exonérée.

Cosignataire de l'amendement, François Goulard (UMP) a jugé que « les conditions de remploi des fonds corrigent ce que l'exonération totale pouvait avoir de trop favorable et permettent un réinvestissement en France au lieu d'inciter à partir à l'étranger ».