Joseph Stiglitz, prix Nobel d'Economie, juge dans Libération, que « la crise des subprime n'est pas terminée » aux Etats-Unis et en Europe et qu'elle serait liée à la flambée des prix pétroliers et alimentaires.

Selon l'économiste, de plus en plus d'Américains, touchés par la chute du marché immobilier aux Etats-Unis, sont aujourd'hui dans l'incapacité de rembourser leurs prêts hypothécaires et doivent « quitter leurs maisons ».
Le prix Nobel ajoute que la situation risque de perdurer car du côté de l'emploi « il y a moins d'heures de travail sur le marché», ce qui représente un «signe clair que l'économie est malade».

« Nous sommes au bord de la récession », mais en « 2008, le déficit américain atteindra 500 milliards de dollars, et les Etats-Unis n'ont donc plus les moyens de stimuler l'économie », explique Joseph Stiglitz. Cette crise risque d'affaiblir aussi l'Europe dont de nombreuses banques «ont acheté ces produits dérivés des subprime et en subissent le contrecoup » et parce que la faiblesse du dollar vis-à-vis de l'euro favorise les exportations américaines aux dépends des européennes.

L'économiste ajoute que la flambée pétrolière, les émeutes de la faim, la crise financière et les menaces de récession sont « liées ».
« La crise pétrolière est liée à la situation de la guerre en Irak. Celle des subprime est une conséquence de la guerre et de la hausse du baril. La crise alimentaire, via l'essor des biocarburants, résulte de la crise pétrolière », argumente-t-il.

Pour M.Stiglitz, le développement économique des géants émergents comme l'Inde ou la Chine, n'est pas à l'origine de la flambée pétrolière et alimentaire.

Les Chinois ne se sont pas décidés à manger plus de céréales et de porc du jour au lendemain. La vraie surprise, l'événement totalement inattendu, c'est la guerre en Irak. Et comme le prix du pétrole a grimpé de façon soudaine et violente, les Etats-Unis ont augmenté les subventions à la production d'éthanol, entraînant la hausse des céréales ».

«Peut-être que ces crises se seraient passées de toute façon, mais la guerre les a précipitées et les a amplifiées», conclut le prix Nobel d'économie.