Le conseil en gestion de patrimoine (CGP) est une profession mal connue. Et pour cause : ses contours sont aujourd'hui assez flous, faute de réglementation. En quoi consiste-t-elle ? Comment être sûr d'avoir affaire à un professionnel compétent ? Nous avons posé la question à Hervé de la Tour d'Artaise, qui préside CGPC, une association professionnelle de certification des CGP.

Hervé de la Tour d'Artaise, sait-on combien de conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) exercent en France aujourd'hui ?

On estime leur nombre à 2.800 environ, auxquels il faut ajouter les conseillers salariés, qui exercent dans les banques, chez les assureurs ou chez les notaires.

A quel type de clientèle s'adressent ces conseillers en gestion de patrimoine ?

Il y a souvent une confusion entre gestion de patrimoine et gestion de fortune. La gestion de fortune concerne des clients qui ont déjà une fortune personnelle à faire fructifier. Ceux-là sont souvent captés par les banques privées, voire par des family office [structure ad hoc gérant la fortune d'une ou plusieurs familles, NDLR]. Le CGP s'adresse plutôt à des personnes qui ont de bons revenus, et donc une forte capacité d'épargne. Personnellement, je préfère le terme anglais de financial planner, qui me semble plus approprié car il fait référence à ces notions de flux et d'évolution dans le temps. La situation financière d'un client qui est aujourd'hui en activité mais qui sera demain en retraite va changer en même temps que ses flux. A chaque étape de la vie, il y a des actions patrimoniales plus adaptées que d'autres.

Qu'est-ce qui distingue le CGP du simple conseiller financier ?

Ce qu'on attend d'un CGP, c'est qu'il fasse une vraie place à la notion de conseil, c'est-à-dire qu'il soit capable de déconnecter sa recommandation de la vente d'un produit financier. Cela ne veut pas dire qu'il faille pour autant opposer les CGP libéraux et les salariés. Il y a d'excellents libéraux, mais aussi d'excellents banquiers ou d'excellents assureurs. C'est essentiellement une question d'aptitude professionnelle, de compétence.

Comment, justement, s'assurer de la compétence d'un CGP ?

Il y a les diplômes, bien sûr, mais pas seulement. Il y a d'excellents professionnels qui n'ont pas de formation spécifique, qui sont des autodidactes. C'est pourquoi il existe des associations professionnelles, comme CGPC (Association des conseils en gestion de patrimoine certifiés), que je préside. Notre objet est de promouvoir, d'organiser la certification des CGP, en nous appuyant sur les règles internationales créées aux Etats-Unis par le Financial Planning Standard Board (FPSB). Il y a aujourd'hui 1.500 professionnels certifiés en France. Tous adhèrent à un code d'éthique et de déontologie, qui définit leur savoir-être, et un code de standards et de procédure, qui concerne leur savoir-faire.

Comment se déroule la certification ?

Le conseil en gestion de patrimoine est un métier transversal, qui embrasse le droit, la fiscalité, l'assurance, les produits financiers... Les professionnels passent donc des examens écrits dans chacun de ces domaines. Il y également une étude de cas, avec une partie orale. Mais la certification intègre également une formation continue pour rester au niveau, à raison de 60 heures par période de deux ans. C'est pourquoi nous préférons la certification aux diplômes : la certification s'entretient de manière permanente.

Qu'en est-il de la réflexion des pouvoirs publics sur la reconnaissance de la profession ?

Il existe un rapport parlementaire, rédigé par le député Louis Giscard d'Estaing, qui s'intéresse à la question. Aujourd'hui, seuls 400 CGP libéraux sont certifiés, sur 2.800 professionnels recensés. L'appellation est tellement imprécise que n'importe qui peut se revendiquer comme tel. Nous sommes donc favorables à un effort de réglementation qui donne au client un meilleur repère par rapport à la personne qui est en face de lui. L'image du métier en ressortirait rehaussée.