Les principales banques européennes voyaient leur cours s'envoler en Bourse jeudi après-midi, dopées par l'annonce de mesures exceptionnelles prises par les grandes banques centrales pour renforcer l'approvisionnement en dollars du secteur bancaire.

En hausse depuis l'ouverture, les valeurs ont accéléré la cadence de manière spectaculaire dès l'annonce de cette action concertée et coordonnée par la Banque nationale suisse, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale des Etats-Unis.

Vers 15h50, à Paris, BNP Paribas bondissait de 12,60% suivie de Crédit Agricole (+8,11% à 3,16 euros) et Société Générale (+7,94%). A Francfort, Deutsche Bank prenait 8,08% à 25,42 euros et Commerzbank 6,57%.

Les banques italiennes UniCredit (+5,45%) et Intesa Sanpaolo (+7,55%), comme les espagnoles Santander (+5,19%) et BBVA (+4,74%) grimpaient elles aussi. A Londres, Royal Bank of Scotland gagnait 3,82% et Barclays 4,87%. En Suisse, UBS faisait cavalier seul en chutant de 9,29%, après avoir annoncé qu'une fraude pourrait lui faire perdre 2 milliards de dollars.

« Le fait d'avoir des annonces fermes, claires et simultanées, montre que les banques centrales sont là et qu'elles assurent la pérennité du système. C'est une des mesures de nature à apaiser les tensions sur les marchés », souligne Patrick Jacq, stratégiste chez BNP Paribas.

Cette annonce vient à point nommé pour les banques, notamment françaises, prises dans une spirale baissière en raison de l'inquiétude des marchés, quant à leur capacité à se financer en dollars. Les fonds monétaires américains, importants fournisseurs de liquidités pour les banques de la zone euro, avaient de leur côté réduit les montants prêtés à ces établissements, craignant l'impact de la crise de la dette en zone euro.

« Ce que l'on sait c'est qu'aux Etats-Unis et en Europe, la liquidité à terme (au-delà des prêts au jour le jour) sur le dollar devient de plus en plus compliquée », notamment pour se financer au-delà d'une semaine, rappelle M. Jacq. « L'enjeu pour enlever le stress sur les marchés, c'est assurer la liquidité au-delà d'une semaine ou deux semaines », explique-t-il.

Les mesures des banques centrales vont justement dans ce sens, puisqu'elles vont mettre à disposition des banques non-américaines des liquidités en dollars dans le cadre d'opérations sur trois mois, afin de couvrir les besoins au-delà de la fin d'année. « Toutes les fins d'années quelles que soient les périodes, difficiles ou pas, sont toujours des moments délicats, parce qu'il y a beaucoup de sortie de cash. Il faut absolument avoir des liquidités », renchérit le stratégiste.

Les opérations en dollars auront lieu le 12 octobre, le 9 novembre et le 7 décembre, selon le calendrier donné par la BCE.