L'ex-président de l'organisme chapeautant le Consortium de réalisation (CDR) a affirmé vendredi au Monde avoir reçu en 2007 la "consigne claire" de l'ancienne ministre des Finances Christine Lagarde d'aller à l'arbitrage pour régler l'affaire Tapie-Crédit lyonnais.

Aujourd'hui à la tête du conseil de surveillance de l'aéroport de Bordeaux, Bernard Scemama, indique au Monde avoir été nommé le 15 septembre 2007 à la présidence de l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR), l'organisme chapeautant le CDR, lequel sera condamné en 2008 à verser 285 millions d'euros (400 millions avec les intérêts) à Bernard Tapie. « J'ai été reçu dès ma nomination par Stéphane Richard, le directeur du cabinet de la ministre des Finances, Christine Lagarde. Il m'a tout de suite parlé du dossier Tapie et m'a donné une consigne claire: il fallait aller à l'arbitrage », déclare-t-il au Monde. « C'est la décision du gouvernement, m'a-t-il dit. Il m'a expliqué que cela faisait des années que cette affaire traînait, et qu'il fallait en finir », poursuit-il, ajoutant que « quand le directeur de cabinet parle, c'est la ministre qui parle ».

« L'arbitrage était le seul moyen »

Jeudi pourtant, l'avocat de Mme Lagarde avait tenu à relativiser le rôle de l'ex-ministre dans le choix de la procédure arbitrale. « Mme Christine Lagarde n'a pas organisé un arbitrage », a déclaré Me Yves Repiquet lors d'une conférence de presse à Paris. « [Elle] s'est bornée à donner instruction à deux administrateurs au sein de l'EPFR (...) de ne pas s'opposer à la décision d'aller en arbitrage prise par le CDR ». « L'arbitrage était le seul moyen de faire masse de neuf contentieux pendants à l'époque et de les régler définitivement », a-t-il affirmé. « Parce que après 15 années de procédure (ndlr: dans le litige opposant M. Tapie et le Crédit lyonnais), il y avait neuf contentieux pendants et que vous ne pouvez pas devant des juridictions étatiques joindre ces contentieux. La seule façon c'était cet arbitrage. »