Ventes privées, ventes flash, ventes groupées : petit à petit, les banques intègrent ces techniques marketing pour vendre leurs produits sur Internet. Avec le Crédit Agricole en éclaireur.

C'est un fait : le e-commerce gagne du terrain en France. Au 1er trimestre 2011, le pays comptait 28 millions d'acheteurs en ligne, un chiffre en progression de 11% sur un an.

De multiples facteurs peuvent expliquer cette forte croissance : la facilité de l'acte achat ; la disponibilité des boutiques, qui ne ferment jamais... Mais le secteur a aussi eu l'ingéniosité de développer ses propres techniques de vente pour attirer le chaland. Parmi les idées qui ont fait florès ces dernières années, on retrouve ainsi les ventes privées et ses cousines, les ventes flash et les ventes groupées.

La vente privée transpose dans le monde virtuel un concept de soldes réservés à quelques privilégiés, qu'on retrouve notamment dans le prêt-à-porter haut de gamme. Les e-commerçants jouent ici sur l'exclusivité des offres proposées, tout en élargissant considérablement la cible. Les ventes flash ajoutent l'urgence pour espérer déclencher l'acte d'achat, l'offre n'étant valable que durant quelques heures. Les ventes groupées, enfin, s'appuient sur le caractère social d'Internet, en proposant aux internautes de se rassembler pour obtenir des ristournes sur certains produits.

Créer un temps fort sur le crédit immobilier

Comme les autres secteurs marchands, les banques s'appuient de plus en plus sur le canal Internet pour vendre leurs produits. Logiquement, elles ont importé les techniques qui avaient fait la preuve de leur succès ailleurs.

A l'origine de ce mouvement, on retrouve une caisse régionale du Crédit Agricole, Sud Rhône Alpes. La banque basée à Grenoble a lancé l'idée en 2009 : 400 crédits immobiliers de 50.000 euros sur 20 ans, proposés à l'époque au taux de 2,98%. « Le marché a nettement ralenti fin 2009 début 2010 », explique François Guillebert, directeur nouvelle relation clients, dans un communiqué. « Il nous a paru nécessaire de le dynamiser grâce à des offres diversifiées et innovantes. La vente privée de crédits immobiliers crée un temps fort et anime le marché. »

Concrètement, la vente s'est déroulée en deux temps. Une période de pré-préservation d'abord, trois semaines au cours desquelles la caisse régionale a fait connaître son offre, en profitant des relais possibles sur Internet : l'envoi d'emails, les bannières publicitaires, les réseaux sociaux... La vente proprement dite, le jour J, s'est soldée par 530 prises de rendez-vous et au final, 240 dossiers acceptés. Un vrai succès, selon la banque.

Les livrets d'épargne aussi

Depuis, le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes a récidivé, en vendant sur le même principe des crédits à la consommation et des PEL. Surtout, il a exporté son expérience dans d'autres caisses régionales de la banque verte. Pyrénées Gascogne, Nord-Est, Nord Midi-Pyrénées, Centre-Est, ainsi que les quatre caisses bretonnes ont depuis ouvert leurs propres sites internet dédiés à ce type d'opérations. Et Bforbank, la banque privée en ligne filiale du Crédit Agricole, s'est aussi emparée de la technique pour vendre, fin mai 2011, des livrets d'épargne, grâce à une promotion flash à 6%.

Qu'en est-il des autres banques françaises ? Leur réaction se fait encore attendre. Seule expérience comparable, celle tentée par Monabanq, la banque en ligne du Crédit Mutuel-CIC. Pour promouvoir son Livret d'épargne, elle a en effet « inventé » en 2010 un nouveau type de promotion, s'appuyant sur la viralité des réseaux sociaux. L'idée : proposer un taux promotionnel qui augmente à mesure que de nouveaux clients souscrivent. Pour atteindre l'objectif de 6% dans le temps imparti, les internautes étaient encouragés à faire circuler l'info. Un succès, encore une fois, qui a encouragé Monabanq à récidiver en 2011.