Le président du Mouvement démocrate François Bayrou a estimé mercredi, à propos de la saisine de la Cour de discipline budgétaire et financière dans l'affaire Tapie, que la décision de "spolier" les Français n'avait pu être prise qu'"à l'Elysée, sur instruction de Nicolas Sarkozy".

« On a donné à M. Tapie 400 millions d'euros dont il lui est resté au bout du compte 260 millions, en faisant de lui l'un des Français les plus riches avec l'argent du contribuable et, on le sait maintenant, contre la loi », a lancé le député béarnais sur France Inter. « Une décision à 260 millions d'euros, ça ne peut pas se prendre sans que le sommet de l'Etat, c'est-à-dire l'Elysée - évidemment les collaborateurs de Nicolas Sarkozy sur instruction de Nicolas Sarkozy » n'en ait donné l'ordre, a-t-il ajouté, à « Questions d'Info » LCP/France Info/AFP. « Comment pourrait-il en être autrement? »

« Une affaire d'Etat »

Pour François Bayron, il ne s'agit « pas de l'affaire Tapie ». « C'est une affaire de l'Etat, c'est la plus grave affaire d'Etat, à mon sens, qu'ait connue la Ve République ».

La Cour de discipline budgétaire et financière, chargée de sanctionner les fautes lourdes commis par des agents de l'Etat dans la gestion des finances publiques, vient d'être saisie par une chambre de la Cour des Comptes dans le cadre de l'affaire Tapie. En 2008, un tribunal arbitral privé avait reconnu le préjudice moral et financier de l'homme d'affaires dans la vente d'Adidas en 1993, qui avait rapporté une plus-value substantielle au Crédit Lyonnais.

L'Etat avait été condamné à lui verser 285 millions d'euros d'indemnités (400 millions avec les intérêts), dont 45 pour le seul préjudice moral des époux Tapie. L'affaire avait rebondi en septembre 2010 lorsque Le Canard enchaîné avait affirmé que M. Tapie empocherait effectivement 210 millions d'euros de l'Etat et non entre 20 et 50 millions comme l'avait assuré Christine Lagarde en 2008.

Donneurs d'ordre

« Heureusement, il y a en France une Cour des comptes qui vient de rendre une décision lourde de conséquence parce qu'elle dit : vous, fonctionnaires publics, vous, représentants de l'Etat, vous avez agi contre la loi en favorisant M. Tapie », a salué le leader centriste. Pour Lui, « ce n'est pas une décision qui met en cause les fonctionnaires, elle met en cause ceux qui leur ont donné des ordres », a-t-il fait valoir en citant « la ministre de l'Economie Christine Lagarde et ceux qui lui ont donné des ordres ».

« Une décision de cet ordre n'a pas pu être prise sans qu'il y ait au sommet de l'Etat, une instruction donnée à ceux qui allaient ainsi spolier les Français, leur enlever leurs contributions pour les donner à une personne privée, faisant de M. Tapie l'un des hommes les plus riches de France, contre la loi », a insisté le probable candidat à la présidentielle.