Un cadre marseillais de Cafpi, premier courtier français en crédits immobiliers, a été mis en examen dans l'affaire Apollonia, a-t-on appris lundi auprès de l'avocat des 450 victimes de cette vaste escroquerie présumée aux investissements immobiliers défiscalisés.

Le responsable de Cafpi Défiscalisation pour le sud de la France, William Elbaze, est la 16e personne impliquée dans cette affaire, après cinq notaires, neuf responsables et secrétaires de la société de gestion de patrimoine Apollonia, basée à Aix-en-Provence, et un courtier cannois en crédits immobiliers. Cafpi servant de courtier à Apollonia. M. Elbaze a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, exercice illégal de la profession d'intermédiaire bancaire et abus de confiance. Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'exercer et caution de 50.000 euros.

Apollonia est soupçonnée d'avoir fait souscrire à ses clients des placements défiscalisés dans l'immobilier locatif (meublés) en leur promettant qu'ils seraient financièrement neutres. Mais les investisseurs ont dû faire face à des remboursements beaucoup plus importants que prévus, le montant total du préjudice étant estimé à plus d'un milliard d'euros.

450 couples identifiés comme victime

« La société Apollonia s'était interposée entre les clients et Cafpi, alors que celui-ci, en tant que courtier en crédits immobiliers, aurait dû être en contact direct avec les clients, comme le stipule le code monétaire et financier », a expliqué à l'AFP Me Jacques Gobert, avocat des victimes. « Les offres de prêt étaient envoyées par les banques non pas aux emprunteurs, mais à Cafpi et Apollonia, contrairement aux règles en vigueur. Les emprunteurs étaient tenus dans l'ignorance de ce qu'ils empruntaient vraiment. Ils ne savaient pas qui leur avait prêté, ni pour combien », a poursuivi l'avocat.

La masse de documents à éplucher est considérable avec plus de 450 couples identifiés comme victimes et plus de 10 crédits en moyenne pour chacun, mais « la prochaine étape, ce sera les banques », selon Me Gobert, qui voit dans cette affaire un dysfonctionnement général du système bancaire. Le Crédit Mutuel, le Crédit Agricole et la BNP font partie, selon lui, des banques ayant accordé des prêts via Cafpi dans cette affaire.

Six gérants et commerciaux d'Apollonia, dont son patron Jean Badache, ainsi que trois secrétaires, ont déjà été mis en examen depuis février 2009, de même que cinq notaires marseillais et lyonnais en 2010, et Eric Marin Bertin, gérant du courtier cannois French Riviera Invest en janvier.