La Fédération française des associations Crésus, qui vient en aide aux ménages surendettés, a réclamé vendredi une mise en place rapide d'un registre national des crédits aux particuliers.

Au cours d'une conférence de presse, Jean-Louis Kiehl, le président de cette fédération qui compte 117 points d'accueil en France, a attribué aux « inquiétudes de deux grandes banques qui ont plus de 60% du marché du crédit » la lenteur de la mise en place de cet outil, destiné à enrayer la spirale des crédits « revolving » et du surendettement. « Elles craignent la concurrence qui est pourtant saine car elle ferait baisser les taux, mais sont aussi inquiètes de devoir engager leur responsabilité à propos du nombre de crédits ».

Evoquant le suicide, en début de semaine, d'un sexagénaire surendetté des environs d'Amiens après avoir tué sa mère, sa femme et sa fille, il a estimé qu'« on aurait pu stopper sa spirale d'endettemment plus tôt ».

« Coût économique et social dangereux »

« Le surendettement est en progression régulière malgré de nombreuses lois sur le crédit et il génère un coût économique et social dangereux » a averti M. Kiehl pour qui « une concentration des encours peut générer une bulle dangereuse ». En 2010, 219.000 dossiers de surendettement ont été déposés en France contre 216.300 un an auparavant et une moyenne annuelle de 185.000 sur les cinq années précédentes, selon Crésus.

Egalement appelé « fichier positif », ce registre national des crédits existe déjà dans plusieurs pays comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Belgique. Il devrait contenir toutes les données, négatives ou positives, de personnes ayant déjà bénéficié d'un prêt, alors que la Banque de France ne répertorie actuellement que les incidents de paiement et les interdictions bancaires. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a refusé en avril 2010 la création de ce fichier et proposé la mise en place « dans un délai de 12 mois » d'une « instance de préfiguration » devant laquelle M. Kiehl s'est exprimé le mois dernier.