Le président de la Fédération bancaire française (FBF), François Pérol, a indiqué mardi que le financement de l'économie allait changer avec la nouvelle réglementation bancaire, dite de Bâle III, ce qui pourrait entraîner un renchérissement du coût du crédit.

« Le financement de l'économie ne sera plus le même après Bâle III », a reconnu le patron du groupe BPCE, au cours d'une conférence organisée par l'Association française des trésoriers d'entreprise (AFTE). Bâle III, prévoit que d'ici le 1er janvier 2019, les établissements atteignent un ratio de fonds propres « durs » (capital social et bénéfices non distribués) de 7% par rapport à leurs engagements. Jusqu'à présent, le taux était de 2%.

Les banques françaises ont dans l'ensemble indiqué qu'elles pourraient s'y conformer, parfois en avance, sans lever de fonds sur le marché. « Ces nouvelles règles auront un impact sur les banques (...) et sur leurs clients », ce qui peut avoir des conséquences « sur le coût des financements », a rappelé François Pérol.

« Impact aussi limité que possible »

Selon lui, « il faut que les régulateurs veillent à ce que l'impact soit aussi limité que possible », sur l'économie. « Le temps des régulateurs n'est pas le temps des marchés » a-t-il ajouté, expliquant qu'à partir du moment où les règles sont publiées, les marchés peuvent considérer qu'elles sont dès lors applicables.

Considérant, que les nouvelles exigences en capital « sont extrêmement importantes », le président de la FBF a également prévenu que les règles de Bâle III devaient être « appliquées partout », rappelant au passage que l'exécutif américain s'était engagé à mettre en place ces règles, mais qu'il manquait encore le passage par la loi. En outre, Bâle III ne s'appliquera qu'à dix institutions financières aux Etats-Unis, représentant 60% des actifs bancaires du pays. Or, étant donné la forte tendance américaine à se financer sur le marché, les établissements concernés outre-Atlantique ne compte que pour 15 à 20% du financement de l'économie.

S'exprimant sur la régulation financière, François Pérol a remarqué que les avancées se sont faites surtout sur la réglementation bancaire, y compris leurs activités sur les marchés. « On est moins avancé sur ce qui n'est pas la banque », a-t-il prévenu, s'inquiétant du fait que certains acteurs du marché, peu régulés, puissent faire les mêmes erreurs qui ont mené à la crise de 2008, citant le « shadow banking », les activités de marché non régulées menées par des acteurs tels que des fonds d'investissement spécialisés.

La président de la FBF a enfin souhaité, en s'exprimant à titre personnel, avoir une régulation « plus stricte » sur les marchés dérivés de matières premières. Une piste pourrait consister à introduire une proportion entre marché dérivé et marché physique.