Selon une étude publiée par l’association Les Amis de la Terre, une majorité de fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) ne présente pas toutes les garanties en matière d’impact environnemental, de responsabilité sociale et de mode de gouvernance. En cause selon l’ONG, leur mode de sélection par les agences de notation extra-financière, qui se fondent sur les déclarations, non vérifiées, des entreprises.

Dans cette étude, baptisée « ISR : l’heure du tri », l’ONG démontre l’omniprésence, dans ces fonds, d’une quinzaine d’entreprises* dont l’actualité récente a montré qu’elles étaient insuffisamment responsables d’un point de vue environnemental et/ou social. C’est le cas, notamment, de BP, responsable de la marée noire dans le golfe du Mexique, ou d’Areva, mise en cause notamment pour les conditions d’exploitation de ses mines d’uranium dans le nord du Niger.

Sur les 89 fonds labellisés ISR que l’étude passe au crible, 71 comptent les titres d'au moins une de ces entreprises dans son portefeuille. Et six en rassemblent plus de dix. D’où cette conclusion de Soisic Rivoalan, rédactrice du rapport : « L’appellation “ISR“ est totalement illégitime pour une immense majorité des produits d’épargne ainsi nommés par les banques et les assurances elles-mêmes. »

Des informations non recoupées

Comment expliquer cette dérive ? L’étude pointe notamment les lacunes du processus de sélection de ces fonds. Celui-ci s’appuie en effet sur l'analyse extra-financière du portefeuille d’actions ou d’obligations, censée montrer que les entreprises concernées répondent bien aux critères attendus. Or, d’après les Amis de la Terre, les agences de notation qui se chargent de cette analyse se fondent, le plus souvent, sur les déclarations des entreprises, sans les recouper par une enquête de terrain.

L’ONG appelle ainsi de ses voeux une loi encadrant strictement les critères d’attribution du label. Loi qui obligerait d’un côté les fonds à publier, en toute transparence, la liste des titres financiers constituant le portefeuille ; de l’autre, les entreprises à définir un mode d’analyse extra-financière « standardisé et exigeant. »

L’enjeu est  loin d’être négligeable. Selon une étude du centre de recherche Novethic (filiale de la Caisse des dépôts) publiée en mai dernier, les sommes placées sur les ISR ont progressé en 2009 de 70%, pour un total de 50,7 milliards d’euros d’encours supplémentaire. Témoin de l’intérêt croissant des investisseurs pour ce type de produits financiers.

*GDF-Suez, BNP Paribas, Axa, Bayer, France Telecom, Royal Dutch Shell, Novartis, BMW, Nestlé, BP, Total, Deutsche Bank, Rio Tinto, Andritz, Areva.