La généralisation d’internet, dans les foyers et sur les mobiles, modifie, lentement mais sûrement, les usages quotidiens des consommateurs. C’est vrai notamment de leur manière de payer. Quelles sont les nouvelles façons de régler des achats ou de transférer de l’argent ? Première partie de notre dossier sur la question.

Le paiement sans contact

Régler ses courses sans avoir à présenter de carte bancaire, ni se souvenir d’un code ; recevoir un coupon de réduction en passant à proximité d’un magasin ; payer son billet automatiquement, en montant dans le bus ou le train... Voici quelques applications attendues du paiement sans contact. Au coeur du dispositif, une puce dite NFC (pour Near Field Communication). Embarquée dans un mobile, elle permet des échanges sécurisés d’informations avec des terminaux spécifiques.

Potentiellement très pratique au quotidien, le paiement sans contact reste pourtant balbutiant. Un seul pays l’a adopté à grande échelle : le Japon, sous l’impulsion de son principal opérateur de téléphonie mobile, NTT DoCoMo, qui a décidé d’équiper ses téléphones de puces NFC. Il faut dire que le géant des télécommunications était doublement intéressé, puisqu’il est également propriétaire d’une banque.

Les autres pays développés en sont encore au stade embryonnaire. Partenaires de longue date, Visa et Bank of America s’apprêtent à lancer un expérimentation à grande échelle dans la région de New York. En Europe, c’est la ville de Nice qui est en pointe. Un indice, toutefois, que le paiement sans contact a sans doute de beaux jours devant lui : Apple vient d’embaucher le Français Benjamin Vigier, un spécialiste de cette technologie, pour réfléchir à l’implantation d’une puce NFC dans les iPhones, et à ses applications possibles.

Le paiement par mobile

D’année en année, internet prend une place croissante dans la relation banques-clients. Prochaine étape attendue : le glissement progressif de ces nouveaux usages de l’ordinateur vers le téléphone mobile, à mesure que celui-ci devient le principal canal d’accès au réseau. Déjà, la plupart des banques françaises ont développé des applications mobiles permettant la consultation des comptes, voire les virements. A terme, elles devraient également offrir des solutions de paiement.

Des exemples existent déjà en France. Le Crédit Mutuel-Arkéa a ainsi lancé un service appelé Pay2You, qui permet de régler de petites sommes sans dévoiler ses coordonnées bancaires. Son principe est simple : on ouvre, sur le site dédié au service, un compte spécifique, alimenté par virement depuis un compte bancaire. On entre ensuite le montant du paiement que l'on veut effectuer, puis on notifie le bénéficiaire par SMS. Celui-ci se connecte ensuite au site, s’y inscrit s’il ne l’est déjà, puis renseigne le montant et le numéro du paiement, qui est alors viré sur son compte.

Explicitement destiné à la « génération Y », celle qui a grandi avec internet et le mobile, ce service offre un alternative au chèque (impopulaire chez les jeunes) ou à l'échange de RIB pour régler des dettes entre amis ou des achats de particulier à particulier. Il est d'ailleurs pour l'instant limité à de petites sommes : entre 5 et 150 euros par virement, pour un débit ou un crédit maximum de 150 euros par compte et par mois.

Le pré-paiement

Plusieurs banques françaises ont lancé ces dernières années des cartes bancaires prépayés et rechargeables, à destination des adolescents. Elles fonctionnent sur le principe des cartes téléphoniques : on y charge un crédit, en agence ou sur internet, qu’on utilise ensuite pour régler ses achats, jusqu’à épuisement.

Egalement disponible en France, un service appelé Paysafecard permet d’acheter dans divers points de vente physiques (notamment des maisons de la presse), des crédits qu’on peut ensuite utiliser pour payer des achats en ligne. Gros avantage : à aucun moment, il n’est nécessaire de donner ses coordonnées bancaires. Gros inconvénient : le service n’est pas universel, mais uniquement utilisable sur certains sites compatibles (jeux, paris en ligne, etc).

Le paiement en ligne

Parmi les nouvelles façons de régler des achats, le paiement en ligne est le plus utilisé et le plus mur économiquement. Il faut dire qu’il était la condition sine qua non du développement de l’e-commerce, d’où d’importants investissement dans le domaine, notamment, de la sécurisation des transactions.

Ils existent aujourd’hui deux façons de payer en ligne :

  • soit directement, en rentrant dans un formulaire sécurisé ses coordonnées de carte bancaire. Tous les grandes banques se sont positionnées sur ce secteur, en proposant aux e-commerçants des interfaces de paiement sécurisées (Merc@net de BNP Paribas par exemple).
  • soit indirectement, en utilisant un compte dédié uniquement aux achats en ligne et dont le possesseur est identifié par son adresse mail et un mot de passe. Ce modèle, qui permet d’éviter de saisir ses coordonnées bancaires à chaque achat, a fait le succès de Paypal, le leader mondial du secteur. La société californienne, rachetée en 2002 par le géant de l’e-commerce Ebay, entreprend désormais de diversifier ses services pour devenir une enseigne bancaire à part entière.  

A lire prochainement, la suite de notre dossier : enjeux, usages et limites des nouveaux moyens de paiement.