D'après le Canard Enchaîné à paraître mercredi, l'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a été demandée à l'origine, en 2007, par le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur.

Patrice de Maistre s'était fait remettre la Légion d'honneur en janvier 2008 par Eric Woerth, à l'époque ministre du Budget, alors que l'épouse de ce dernier, Florence Woerth, travaillait depuis trois mois dans la société du gestionnaire. La décoration lui avait été attribuée dans le cadre de la promotion du 14 juillet 2007 sur le contingent du ministère de l'Economie. Le lien éventuel entre l'embauche de Florence Woerth par Patrice de Maistre et cette décoration est un des éléments sur lesquels se penchent depuis cet été les enquêteurs chargés de l'affaire Bettencourt, sous l'autorité du parquet de Nanterre.

Circuit incongru

Fin juillet, le parquet s'était vu remettre par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur le dossier de proposition de Patrice de Maistre au grade de chevalier de la Légion d'honneur. Le Canard Enchaîné affirme que le contenu de ce dossier « montre que la demande de décoration a été traitée à l'origine - soit en mars 2007 - par le cabinet de (Nicolas) Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur de (Jacques) Chirac ». Un circuit « incongru », juge l'hebdomadaire satirique, car l'octroi d'une telle décoration à « un homme d'affaires dépourvu de tout mandat électoral » aurait dû relever plutôt du ministère de l'Economie et des Finances. C'est peu après la présidentielle (mai 2007) que le dossier avait été expédié à Bercy, toujours selon le journal.

Laurent Solly muet

Interrogé par le Canard, Laurent Solly, présenté comme le collaborateur de M. Sarkozy qui avait alors suivi la procédure, s'est refusé à tout commentaire. Proche du chef de l'Etat, Laurent Solly a été son chef de cabinet alors qu'il était ministre, à Bercy et à l'Intérieur, ainsi que son directeur de cabinet quand il présidait l'UMP. En 2007, il avait été nommé à la direction du groupe TF1. Interrogés par l'AFP, l'Elysée et le parquet de Nanterre en charge des différentes enquêtes préliminaires n'ont pas souhaité faire de commentaire.