Un photographe accusé d'abus de faiblesse à l'encontre de Liliane Bettencourt, des enregistrements pirates, des présomptions d'évasion fiscale et des accusations de financement politique illégal: l'affaire Bettencourt trouve plusieurs prolongements judiciaires.

L'abus de faiblesse

La fille de Liliane Bettencourt accuse l'artiste François-Marie Banier d'avoir spolié sa mère d'une partie de sa fortune. Le parquet de Nanterre a enquêté après une plainte pour abus de faiblesse déposée par la fille de Mme Bettencourt. Cette enquête a été classée sans suite en septembre 2009, le parquet estimant qu'il n'y avait « pas suffisamment d'éléments pour rapporter la preuve d'un abus de faiblesse ».

Françoise Bettencourt-Meyers a donc fait citer le photographe directement devant le tribunal correctionnel de Nanterre le 1er juillet. Le procès a été renvoyé, les juges estimant nécessaire d'enquêter sur le contenu d'enregistrements clandestins versés au dossier par la fille de la milliardaire.

Les enregistrements pirates

Les enregistrements pirates de conversations entre Liliane Bettencourt et son entourage, réalisés entre mai 2009 et mai 2010 par son ex-maître d'hôtel et révélés le 16 juin par Médiapart et Le Point ont donné lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire à Nanterre pour atteinte à la vie privée et vol de documents. Ces enregistrements suggèrent des opérations financières destinées à échapper au fisc, mais aussi des immixtions de l'Elysée dans la procédure judiciaire et des interrogations sur les liens entre la milliardaire et le ministre du Travail, Eric Woerth, et son épouse Florence.

L'enquête du procureur de Nanterre Philippe Courroye vise à faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ont été réalisées ces écoutes et sur leur authenticité, non sur leur contenu. Dans le cadre de cette enquête, trois personnes ayant travaillé au service de la milliardaire, dont l'ex-comptable Claire Thibout, ont été placées en garde à vue les 18 et 19 juin.

Les présomptions d'évasion fiscale

Le procureur Philippe Courroye a suggéré, dans un rapport daté du 23 juin adressé à sa hiérarchie, d'enquêter sur les délits potentiels révélés par les enregistrements clandestins, dont un éventuel blanchiment de fraude fiscale. Le parquet de Nanterre a par ailleurs alerté le fisc en janvier 2009 sur de possibles fraudes fiscales de François-Marie Banier.

Mme Bettencourt a de son côté indiqué qu'elle allait régulariser sa situation fiscale, reconnaissant l'existence de deux comptes en Suisse non déclarés d'une valeur totale de 78 millions d'euros.Sur le plan administratif, l'Inspection générale des finances (IGF) doit rendre vendredi son enquête sur la gestion du dossier fiscal de Liliane Bettencourt.

L'éventuel financement politique illégal

Le parquet de Nanterre a ouvert mercredi une enquête préliminaire sur les propos tenus par l'ancienne comptable de Mme Bettencourt, Claire Thibout qui a fait état de possibles financements politiques illégaux de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. L'ancienne comptable a affirmé que M. Woerth aurait reçu 150.000 euros en liquide au printemps 2007, en tant que trésorier de l'UMP, pour financer la campagne présidentielle. MM. Woerth et Sarkozy ont démenti ces allégations. Selon une source proche du dossier, l'infraction, pour autant qu'elle ait existé, risque bien d'être prescrite puisqu'elle remonte à plus de trois ans.

Les poursuites pour diffamation

Des plaintes pour diffamation ont été annoncées par Florence Woerth pour des propos tenus par l'eurodéputée Eva Joly (Europe Ecologie) et le député PS Arnaud Montebourg et par le fondateur de Mediapart Edwy Plenel pour des propos tenus par le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand. Par ailleurs, Me Olivier Metzner a annoncé qu'il qu'il allait assigner Me Georges Kiejman, avocat de Liliane Bettencourt, pour l'avoir accusé d'être « le cerveau » des enregistrements clandestins.