Le journaliste Edwy Plenel, fondateur du site internet Mediapart, a annoncé mercredi son intention de "saisir la justice" pour diffamation après que Xavier Bertrand (UMP) a qualifié de "méthodes fascistes" la couverture de l'affaire Bettencourt par le site internet.

Le secrétaire général de l'UMP (parti présidentiel) « Xavier Bertrand a parlé de “méthodes fascistes“ et d'ailleurs je peux vous annoncer qu'avec nos avocats nous allons saisir la justice car c'est un propos évidemment diffamatoire », a déclaré Edwy Plenel sur la radio France Info.

Il a vu dans ces déclarations une « attaque concertée, non pas de la majorité (...) mais de la garde rapprochée du président » Nicolas Sarkozy. « Cette garde rapprochée, au bout de trois semaines de révélations, manifeste un mépris profond de la démocratie et de la justice dans sa mauvaise foi », a affirmé le journaliste. « Je trouve que (le Premier ministre) François Fillon a été beaucoup plus modéré à l'Assemblée » nationale, a-t-il estimé.

« Il y a eu une décision de justice qui a été rendue il y a une semaine, par une vice-présidente du tribunal de Paris qui dit que les informations de Mediapart sont légitimes et d'intérêt public, que nous avons fait notre travail de manière rigoureuse. Elle déboute Mme Bettencourt et son chargé d'affaires, qui voulaient que nous enlevions nos informations », a-t-il ajouté. « Maintenant que la justice nous a donné raison, on en vient à la calomnie parce que c'est celui qui dit qui y est », a-t-il dit.

Worth bouclier du chef de l'Etat

« Actuellement, Eric Woerth est mis par ses amis dans la pire situation parce qu'il sert de bouclier au président de la République. Tout cela est assez indigne », a martelé Edwy Plenel. « On devrait laisser la justice travailler, nommer un juge et respecter le travail validé par la justice elle-même et par les citoyens, du journalisme », a-t-il dit.

« Je rappelle les faits que (le ministre de l'Industrie M. Christian) Estrosi, que M. Bertrand, que tous les autres ignorent : nos révélations ont enrichi l'Etat. Elles ont servi l'intérêt public, elles ont permis de découvrir une évasion fiscale d'ampleur qui a été reconnue par Mme Bettencourt ».

« Nos révélations ont mis en évidence un conflit d'intérêts que M. Woerth a admis en annonçant lui-même la démission de sa femme » - qui travaillait pour la société gérant la fortune personnelle de Liliane Bettencourt alors que son mari était ministre du Budget -, et elles « posent la question de financements politiques illégaux », a encore dit Edwy Plenel.

Xavier Bertrand a critiqué mardi soir au Raincy (Seine-Saint-Denis, banlieue parisienne) le rôle des socialistes dans l'affaire Bettencourt ainsi que celui du site d'information Médiapart, l'accusant d'user de « méthodes fascistes ».