Lors d’une présentation, aujourd’hui à Paris, l’agence Standard & Poor’s a laissé entendre que les notes des compagnies d'assurance françaises étaient sous la menace d’une dégradation. En cause, l’augmentation des sinistres, la baisse des rendements obligataires, mais aussi leur exposition à la dette grecque.

Les assureurs français vont-ils, à leur tour, faire les frais de la crise financière ? C’est en tout cas le scénario évoqué aujourd’hui par Standard & Poor’s (S&P), à l’occasion d’une conférence sur la question, réunie à Paris.

D’après l’agence de notation, le secteur subit en effet actuellement la conjonction de plusieurs facteurs défavorables.

Du côté de l’assurance dommage, les assureurs ont connu en 2009 et au cours des premiers mois de 2010 une forte dégradation de la sinistralité, due notamment à la succession d'événements climatiques importants (tempêtes Klaus, Quinten et Xynthia). Les assureurs français n’auraient, de plus, pas suffisamment répercuté cette hausse sur leurs tarifs. « Est-ce qu'il ne faut pas partager davantage le risque avec les assurés et le faire passer dans la communication ? », s'est ainsi interrogé Lotfi Elbarhdadi, directeur chez S&P.

Du côté de l’assurance vie, c’est la baisse des rendements obligataires qui compresse leurs marges, et entraîne une baisse de leur rentabilité.

Huit milliards d’exposition en Grèce

Par ailleurs, toujours d’après S&P, les compagnies d’assurances françaises sont plus exposées que d’autres à la crise financière.

Les actions représentent en moyenne 13% de leurs investissements, un niveau généralement supérieur à celui de leurs concurrents européens. Surtout, les assureurs français sont exposés à la dette grecque à hauteur d’un peu moins de 8 milliards d’euros, sur un total de 20 milliards pour l’ensemble des assureurs européens notés par l’agence. « L'exposition des assureurs français à la Grèce est la plus élevée en Europe et reflète exactement celle des banques françaises », a ainsi déclaré Yann Le Pallec, directeur chez S&P.

Si dans l’état actuel des choses, cette exposition est considérée comme « gérable », elle reste toutefois préoccupante, notamment en cas de « dégradation additionnelle de la qualité de crédit de la Grèce, du Portugal ou de l'Espagne. » Ainsi, d’après Lotfi Elbarhdadi, un défaut de paiement de la Grèce aurait pour conséquence d’amputer d’un point les taux de rémunération des contrats d'assurance vie distribués par les assureurs français.