Le président du MoDem, François Bayrou, propose de consulter "les Français eux-mêmes par référendum" sur l'inscription dans la Constitution, souhaitée par Nicolas Sarkozy, d'une maîtrise des déficits publics, dans une interview au Monde daté de dimanche-lundi.

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi une révision de la Constitution qui imposera notamment « à chaque gouvernement issu des urnes de s'engager pour cinq ans sur une trajectoire de déficit ».

M. Bayrou rappelle « qu'inlassablement » il a « défendu le principe d'une disposition constitutionnelle qui empêche les déficits de se creuser ». Il souligne que sa « proposition était d'écrire qu'à partir de l'année 2015, par exemple, les déficits de fonctionnement ne seront pas admis, sauf pour combattre ou prévenir une récession ».

Il propose « que la modification constitutionnelle soit décidée par les Français eux-mêmes, par référendum ». « Si des gouvernements ultérieurs estiment nécessaire de rompre avec cette règle de prudence, ils ne pourront le faire sans avoir à leur tour demandé l'accord du peuple », poursuit-il.

Le président du MoDem attribue la propension française aux déficits à « l'idée profondément ancrée que l'inflation, à un moment donné, viendra effacer l'ardoise » et au fait que « nous vivons dans la frénésie du court terme ».

« Devant chaque accident de la vie, il faut +débloquer+, comme on dit, des milliards. Et en effet, on n'a pas arrêté de débloquer, à tous les sens du mot », dit-il.

Le temps des choses sérieuses

Comme on lui demande si la « rigueur est inéluctable », il répond: « Nous sommes entrés dans le temps des choses sérieuses. On nous a fait vivre dans l'illusion que l'Etat pouvait répondre à toutes les demandes à partir de ressources qu'il n'avait pas. C'est fini ».

« Il est bon que notre pays ouvre les yeux devant la réalité ».

François Bayrou pense qu'« aucun gouvernement n'échappera à des hausses d'impôts ». « Lorsque le gouvernement actuel prétend le contraire, il raconte des histoires et il le sait parfaitement ».

« Pour obtenir justice, clarté et donc confiance, il faudra le courage d'une profonde réforme fiscale », fait-il valoir.

François Bayrou n'est pas inquiet de la baisse de l'euro, car la monnaie unique « est surévaluée », et que l'on approche « d'une parité convenable avec le dollar ». Il ne « croit pas » à une explosion de la zone euro. « Un pays qui en sortirait verrait ses taux d'intérêt s'envoler, ses déficits exploser, et l'inflation l'envahir. Il ne trouverait plus de crédit », explique-t-il.