L'ancien Président Directeur Général du groupe de construction Vinci Antoine Zacharias, premier grand patron à comparaître en France pour les conditions dans lesquelles il avait acquis des avantages financiers colossaux, a été relaxé vendredi.

Le parquet de Nanterre (ouest de Paris) avait requis contre lui deux ans prison avec sursis et 375.000 euros d'amende, estimant qu'Antoine Zacharias, poursuivi pour abus de biens sociaux, avait été "incontestablement le chef de projet de sa propre rémunération".

Le parquet a aussitôt annoncé qu'il faisait appel de cette relaxe.

Premier grand patron à comparaître en France pour ses rémunérations, Antoine Zacharias avait été de 1997 à 2006 le dirigeant emblématique de Vinci, un groupe qu'il avait hissé au rang de numéro un mondial de la construction et des concessions.

Le parquet de Nanterre reprochait à l'ancien PDG d'avoir procédé au renouvellement complet du comité de rémunération du groupe en 2004 pour obtenir que son salaire soit déplafonné et totalement indexé sur les résultats.

La défense a fermement contesté ces arguments.

Le salaire annuel de M. Zacharias était passé de 2,9 millions d'euros en 2003 à 3,3 millions en 2004, puis 4,2 en 2005. Mais le changement a aussi eu des répercussions sur son indemnité de départ (12,8 millions) et sur la retraite complémentaire annuelle (2,1 million), calculées à partir du dernier salaire annuel, lequel venait justement de flamber.

"Le conseil d'administration (de Vinci) a voté sans émettre d'objection cette nouvelle forme de calcul", a déclaré Isabelle Prévost-Desprez, la présidente de la 15e chambre du tribunal correctionnel, pendant la lecture du jugement.

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"Le ministère public ne rapporte pas la preuve qu'Antoine Zacharias a fait procéder au changement du comité des rémunérations uniquement dans le but" de bénéficier d'avantages financiers supplémentaires, a-t-elle ajouté. "Le droit pénal est d'interprétation stricte. Les juges ne sont que la bouche de la loi", a poursuivi la magistrate.

Le parquet de Nanterre reprochait également à l'ex-numéro un de Vinci de s'être fait attribuer 290.000 stock-options en 2004, puis 894.000 en 2005 et 700.000 en 2006, mais la défense a souligné qu'au moins 50% de ses stock-options avaient été annulées par l'entreprise lorsque M. Zacharias l'avait quittée en 2006.

M. Zacharias, âgé de 70 ans, vit aujourd'hui retiré à Genève. Il encourait au maximum cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.