D'après l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), la masse salariale du secteur privé a affiché une baisse de 1,3% en 2009, malgré une stabilisation au quatrième trimestre (+0,1%). Du jamais vu depuis l'après-guerre, et un gros manque à gagner pour la Sécurité sociale.

En plus de 60 ans d'existence, les statistiques de l'Insee n'avaient jamais relevé une telle baisse, à l'exception d'un trimestre, qui faisait suite aux événements de mai 1968.

Il s'agit donc d'une contraction inédite depuis la Libération, qui explique largement le creusement sans précédent du déficit du régime général (salariés) de la Sécurité sociale. La masse salariale du secteur privé est en effet sa principale source de recettes, et l'on estime qu'un point de pourcentage de baisse équivaut pour elle à deux milliards d'euros perdus. Les dernières prévisions officielles tablent sur un « trou » de la Sécu de 23,5 milliards d'euros pour 2009.

320.000 emplois détruits en 2009

Le recul de la masse salariale est dû principalement à la disparition d'emplois salariés. Selon les chiffres définitifs publiés aujourd'hui par le ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, la France a perdu 322.000 emplois dans le secteur privé en 2009, soit une baisse de 1,8%, là aussi la plus forte jamais enregistrée par les statistiques. Fin décembre, la France comptait 17,72 millions de salariés dans le privé.

Mais la masse salariale dépend aussi du niveau des salaires et primes. En 2009, le salaire moyen par tête (SMPT) a connu un rythme de hausse qualifié par l'Acoss de « très modéré par rapport aux années précédentes » (+1,2% au 4ème trimestre sur un an, contre environ 2,5%). En cause, l'impact de l'indemnisation du chômage partiel qui, à la différence du salaire, est exonérée de cotisations patronales (mais pas de la CSG), ce qui fait perdre beaucoup de recettes à la Sécu. Or, au quatrième trimestre 2009, 144.000 personnes ont été placées en chômage partiel, après 156.000 au troisième, 245.000 au deuxième, 211.000 au premier, selon l'Insee.

Enfin, l'Acoss note que la baisse de la masse salariale tient également à « la diminution des heures supplémentaires ».