Avec leurs comptes faciles à ouvrir, en une poignée de minutes, les néobanques font de plus en plus d’adeptes en France, malgré des limites de fonctionnement et des tarifs parfois étonnants.

Pas de découvert ; pas de chéquier ; pas de dépôts de chèques et d’espèces ; pas d’épargne ou de crédit, etc. Avant de pouvoir se présenter comme une alternative crédible aux banques traditionnelles, les néobanques - ces services sur mobile développés hors du monde bancaire traditionnel - devront étoffer leur catalogue.

Ces limites cantonnent dans l’immédiat leur usage à celui de compte secondaire. Ce qui ne les empêche pas de trouver leur public parmi les étudiants et les consommateurs en quête de comptes dédiés aux loisirs, aux achats en lignes ou aux voyages. Auprès des usagers fichés à la Banque de France aussi, en l'absence de découvert possible. En contrepartie, leurs cartes sont à autorisation systématique, ce qui peut en limiter l'usage dans quelques cas de plus en plus rares.

Quatre leaders en France

Du point de vue tarifaire, les néobanques se situent à mi-chemin entre les banques en ligne et les banques traditionnelles : un peu plus chères que les premières (mais sans conditions d’accès), plus avantageuses que les secondes (mais avec un catalogue de produits beaucoup moins fourni).

Toutes affichent une promesse : ne faire payer à l’utilisateur final que ce qui représente un coût pour elles. Dans les faits toutefois, elles n’ont pas toutes la même manière de mettre en œuvre ce credo. Résultat : certaines lignes tarifaires généralement gratuites sont payantes chez eux et inversement.

Pour mettre en évidence les particularités tarifaires des néobanques, nous avons décortiqué les brochures des quatre leaders du marché français, en nous limitant à leurs offres de base (1) :

  • Compte Nickel, filiale de BNP Paribas, lancé début 2014, 600 000 comptes actifs environ ;
  • Revolut, lancé en juillet 2015, 150 000 clients revendiqués en France ;
  • N-26, lancé en décembre 2015, 110 000 clients environ ;
  • C-zam, filiale de Carrefour Banque, lancé en avril 2017, 90 000 comptes annoncés après 6 mois.

Des frais de fonctionnement

Contrairement aux banques 100% en ligne, dont l’usage au quotidien est gratuit pour ceux qui remplissent les conditions d’accès, les comptes de paiement des néobanques affichent des frais de fonctionnement. Avec des nuances.

Chez Compte Nickel et C-zam, on paye à l’ouverture du compte puis régulièrement pendant la durée de vie du compte. Le coffret Compte Nickel, incluant la carte bancaire à autorisation systématique, est facturé 20 euros en bureau de tabac. Puis chaque année, à la date anniversaire de l’ouverture, il faut à nouveau régler 20 euros. Chez C-zam, l’achat initial de la box est de 5 euros, auxquels s’ajoutent un euro de frais de fonctionnement par mois.

Pas de frais récurrents chez Revolut, mais un coût initial : l’envoi de la carte coûte 6 euros, voire 20 euros en urgence. Chez N26, enfin, l’envoi de la carte est offert et l’usage du compte gratuit, à condition d’effectuer au moins 9 paiements par carte bancaire sur trois mois - c’est-à-dire de date à date. Dans le cas contraire, 8,70 euros de frais sont prélevés. Pour résumer, N26, qui comme les autres tire une part importante de ses revenus des commissions interbancaires perçues à chaque paiement par carte de leur client, fait payer l’inactivité du compte.

Frais de fonctionnementCoût à l'ouvertureCoût récurrentFrais de non utilisation
de la carte
N26GratuitGratuitJusqu'à 8,70 € par trimestre
Revolut6 € (frais de livraison de la carte)GratuitNon
Nickel20 €20 € par anNon
C-zam5 €1 € par moisNon
Banques traditionnellesGratuit23,81 € par an en moyenne (frais de tenue de compte)(30 € au maximum en cas de compte inactif)
Banques en ligneGratuitGratuit (le plus souvent)Oui, dans certaines banques en ligne

Une alimentation possible par carte bancaire

Centrées sur le mobile, les néobanques ne gèrent ni espèces, ni chèques. Pour alimenter le compte, le moyen le plus courant est le virement, gratuit dans les 4 enseignes. Chez C-zam et Revolut, il est également possible d’alimenter le compte par carte bancaire, une solution qui a l’avantage de l’immédiateté. Elle est gratuite chez le premier, mais peut être payante (1% du montant) chez le second si votre carte bancaire est un peu ancienne ou à débit différé.

Le Compte Nickel est quant à lui le seul à accepter les dépôts en espèces, dans les bureaux de tabac. Un service facturé 2% du montant déposé.

Alimentation du comptePar carte bancairePar virementEn espèces
N26-Gratuit-
RevolutGratuit par carte de débit ; 1% par carte de créditGratuit-
Nickel-GratuitFrais de 2% du montant
C-zamGratuitGratuit-
Banques traditionnelles-GratuitGratuit
Banques en ligne-Gratuit-

Des retraits souvent payants

Faire payer ce qui représente un coût pour elles : c’est, nous l’avons vu, le credo des néobanques. C’est le cas avec les retraits d’espèces dits « déplacés » - c’est-à-dire effectués dans le distributeur d’une autre enseigne -. Une opération qui donne lieu au paiement par la banque du porteur de la carte d’une commission interbancaire de retrait.

Dans le cas des néobanques, il n’y a évidemment pas de réseau de DAB. Comme chez les banques en ligne 100% en ligne. Mais contrairement à ces dernières, les néobanques n’offrent pas sans frais l’accès au cash à leurs clients. Chez Compte-Nickel, chaque retrait coûte ainsi 1 euro, et 0,50 euro chez un buraliste agréé. 1 euro, c’est aussi le prix du retrait avec une carte C-zam, sauf dans les DAB Carrefour Banque ou BNP Paribas, où ils sont gratuits. N26 et Revolut, de leur côté, appliquent un principe de franchise. La première fait payer 2 euros le retrait à partir du 6e par mois. La seconde facture une commission de 2% du montant retiré au-delà des 200 premiers euros par mois.

A l’inverse des retraits, les paiements par carte rapportent de l’argent à la banque du porteur de la carte, via la commission interbancaire de paiement (ou d’interchange). Ils ne donnent donc pas lieu à facturation.

Opérations en zone euroRetraits au distributeurPaiements par carte
N262 € (5 retraits mensuels gratuits)Gratuit
Revolut2% du montant retiré (gratuit pour les premiers 200 € par mois)Gratuit
Nickel1 € (ou 0,50 € dans les points Nickel)Gratuit
C-zam1 € (gratuit dans les DAB Carrefour Banque ou BNP ParibasGratuit
Banques traditionnelles1 € hors enseigne (4 retraits mensuels gratuits, le plus souvent)Gratuit
Banques en ligneGratuitGratuit

Des paiements en devises avantageux

Le paiement international à faible coût, c’est un des principaux arguments commerciaux des néobanques, et un des principaux points de différenciation avec les banques traditionnelles, qui font généralement payer une commission proportionnelle au montant du retrait, voire parfois une commission fixe.

Dans ce domaine, Compte Nickel est un peu en retrait par rapport à ses concurrentes. La filiale de BNP Paribas facture 1 euro chaque paiement effectué en devises, et 2 euros chaque retrait. N26, Revolut et C-zam, eux, ne prennent aucune commission, ni fixe, ni proportionnelle, sur les paiements. Toutes appliquent le taux de change proposé par Mastercard, mis à jour quotidiennement.

En ce qui concerne les retraits, Revolut applique le même principe dans et en dehors de la zone euro : 200 euros de franchise puis une commission de 2% du montant retiré. N26, de son coté, perçoit une commission de 1,70% dès le premier euro. C-zam, enfin, opte pour un commission fixe de 1 euro par retrait, quel que soit son montant.

Opérations en devisesTaux de changeRetraits au distributeurPaiements par carte
N26Taux Mastercard1,70% du retraitGratuit
RevolutTaux interbancaire (+0,50% de frais le week-end, +0,50% au-delà de 6 000 € de change par mois)2% du montant retiré (gratuit pour les premiers 200 € par mois)Gratuit
NickelTaux Mastercard2 € par retrait1 € par paiement
C-zamTaux Mastercard1 € par retraitGratuit
Banques traditionnellesTaux Mastercard ou VisaDe 2 à 8 € (pour un retrait de 100 €)De 2 à 7 € (pour un achat de 100 €)
Banques en ligneTaux Mastercard ou Visade 1,95% à 2%de 1,95% à 2%

Le cas de Revolut, compte multi-devises

Compte multi-devises revendiqué, Revolut fonctionne de manière sensiblement différente de ses concurrents. Pour toutes les opérations nécessitant du change, y compris les paiements par carte en devises, la fintech londonienne applique le taux de change interbancaire, c’est-à-dire le taux que les banques s’appliquent pour échanger des devises entre elles. Mis à jour en temps réel, il est plus favorable que celui de MasterCard, promet la néobanque londonienne.

Celle-ci, en revanche, prélève une commission de 0,5% - voire plus pour certaines devises comme le rouble russe - dans deux cas, qui peuvent se cumuler : le week-end, lorsque les marchés de change sont fermés ; et au-delà de 6 000 euros de change cumulé par mois.

Plus d'informations sur N26, Revolut, Compte Nickel et C-zam

(1) Revolut et N26 disposent d’offres premium facturées mensuellement, respectivement 6,90 livres sterling et 5,90 euros.