Le volet mobilité bancaire de loi Macron, entré en vigueur début 2017, a rappelé aux Français que changer de banque n’était pas forcément insurmontable. Pour autant, se sont-ils emparés de cette opportunité ? Et quelles banques en ont le plus pâti ? Les réponses grâce à une récente étude du cabinet Arcane Research.

Mis en œuvre en février, le mandat de mobilité issu de la loi Macron a-t-il permis, comme espéré, de fluidifier le marché bancaire français ? Rien n’est moins sûr. Arcane Research a interrogé (1) plus de 8 000 clients bancaires. Sur ce total, 5% seulement (plus précisément 426 personnes) ont quitté leur banque principale pour une autre au cours des 12 mois précédant le sondage. Un chiffre qui reste extrêmement faible et montre bien que les freins, réels (crédit en cours, produits d’épargne intransférables, etc.) et psychologiques (attachement, fidélité, crainte du changement, etc.) restent puissants.

Quelle est, dans ce contexte, la banque qui a vu le plus de clients la quitter récemment ? C’est le Crédit Agricole, abandonné définitivement par 12% du panel. Pas vraiment une surprise toutefois : la banque verte est la première enseigne de détail en France, avec près de 20% de parts de marché.

Les huit banques les plus quittées depuis un an

  1. Crédit Agricole (12% du panel)
  2. Caisse d’Epargne (11%)
  3. La Banque Postale (9%)
  4. BNP Paribas (9%)
  5. Banque Populaire (8%)
  6. LCL (8%)
  7. Crédit Mutuel (7%)
  8. Société Générale (7%)

Pour autant, peut-on affirmer que le Crédit Agricole est le grand perdant de la redistribution post Loi Macron ? Non car, dans le même temps, la banque verte a également capté la majeure partie des « switchers total », comme les appellent Arcane Research.

Le profil des « switchers »

A quoi ressemblent les Français qui changent de banque ? Ils ont sont plus jeunes que la moyenne (39,2 ans contre 46,2 ans pour l’ensemble de la population bancaire) et plus souvent CSP+ (44%, contre 31%), avec des revenus élevés (4 124 euros de revenus nets mensuels moyens pour le foyer, contre 3 211 euros en moyenne). Il s’agit aussi plus souvent de personnes vivant en couple avec enfants (39%), avec une épargne significative (35 330 euros, contre 29 410 euros en moyenne).

Les huit banques les plus rejointes depuis un an

  1. Crédit Agricole (14% du panel)
  2. Crédit Mutuel (10%)
  3. Banque Populaire (8%)
  4. BNP Paribas (7%)
  5. Caisse d’Epargne (7%)
  6. Boursorama Banque (7%)
  7. CIC (6%)
  8. LCL (5%)

Au final, sur ce panel certes limité, ce n’est pas le Crédit Agricole, ni une autre grande enseigne de réseau, qui tire le mieux son épingle du jeu, mais une banque 100% en ligne, Boursorama Banque. La filiale numérique de la Société Générale, 1,1 million de clients à la mi-2017, a capté 7% des clients ayant changé de banque, soit autant que BNP Paribas ou la Caisse d’Epargne, tout en n’en perdant quasiment aucun (0,2% du panel seulement). Soit une différence de 6,8.

Les 6 plus fortes progressions

  1. Boursorama Banque (+6,8)
  2. Hello Bank (+4,8)
  3. Crédit Mutuel (+3)
  4. CIC (+2)
  5. Crédit Agricole (+2)
  6. Fortuneo (+2)
  7. Compte Nickel (+1,8)

A l’inverse, les grands perdants sont la Caisse d’Epargne et la Banque Postale, devant trois enseignes nationales : LCL, la Société Générale et BNP Paribas. Ces deux dernières se rattrapent toutefois en partie grâce à leurs filiales, Boursorama Banque pour la SocGen, Hello Bank et Compte Nickel pour BNP Paribas, alors qu'e-LCL ne ramasse que quelques miettes.

Les 5 plus fortes baisses

  1. Caisse d’Epargne (-4)
  2. La Banque Postale (-4)
  3. LCL (-3)
  4. Société Générale (-3)
  5. BNP Paribas (-2)

Les banques en ligne plus attractives

La fuite des clients n’est sans doute pas terminée pour les grandes enseignes de détail. Selon Arcane Search, parmi ceux qui envisagent de quitter définitivement leur banque, 17% sont des clients de la Caisse d’Epargne, 17% du Crédit Agricole et 15% de la Banque Postale. Soit près de 50% du total des futurs « switchers », un pourcentage cohérent avec la part de marché des trois banques. Vers quelle banque se reporteraient-ils ? Plutôt vers une enseigne en ligne (citée par 33% d’entre eux, en hausse de 6 points) que vers un réseau traditionnel (28%), principalement pour des questions tarifaires.

A consulter : le comparatif des offres des banques en ligne

(1) 8 120 clients des banques, filtrés sur la base d’une population représentative de la population française en termes de sexe, d’âge (sur la tranche 18-75 ans), de catégorie socio-professionnelle et de région d’habitation, interrogés par internet entre le 25 août et le 18 septembre 2017.