Depuis quelques mois, pour 300 euros de versement initial seulement, vous pouvez confier la gestion financière de votre assurance-vie à des experts. La démocratisation de la gestion sous mandat a franchi une nouvelle étape.

La gestion sous mandat, « un service premium accessible chez nous dès 300 euros de versement », annonce fièrement depuis un mois ING Direct. « A l’origine, le seuil était de 20 000, puis 5 000, puis 1 000 euros », raconte Julien Schahl, responsable de l’épargne et des produits d’investissement de la banque en ligne. « Ce ticket d’entrée a pu être abaissé à 300 euros parce que c’est aujourd’hui plus simple pour l’assureur, notamment car les volumes concernés ont progressé. Generali a pu faire évoluer sa technologie en ce sens. » Désormais, les trois plus gros contrats d’assurance-vie en ligne gérés par Generali Vie proposent ainsi la gestion pilotée dès 300 euros de versement initial, car Boursorama Vie et Altaprofits Vie ont abaissé leur ticket d’entrée dès janvier 2017.

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La démocratisation s’accélère

Generali et ces trois distributeurs ont donc cassé la barre symbolique des 1 000 euros. Jadis réservée aux clients des banques privées, la gestion sous mandat a commencé à se démocratiser à la fin des années 2000. « Nous sommes les premiers à avoir proposé de la gestion sous mandat sur internet, en 2006, avec Lazard Frères Gestion », revendique François Leneveu, président d’Altaprofits. « Le ticket d’entrée était de 5 000 euros, ce qui était déjà exceptionnellement bas. Le ticket de la gestion sous mandat en gestion privée se compte en centaines de milliers d’euros. »

Cette démocratisation s’est clairement accélérée ces dernières années. Pour rester parmi les poids lourds de l’assurance-vie en ligne, Fortuneo a drastiquement diminué son seuil d’entrée en octobre 2016, passé de 30 000 à 1 000 euros. En parallèle, de nouveaux acteurs lancent des contrats dont le concept est articulé autour de la gestion pilotée : Yomoni Vie, WeSave Patrimoine, plus récemment Nalo Patrimoine et à un degré moindre Grisbee Vie. Tous ces contrats sont accessibles à partir de 1 000 euros, sauf WeSave Patrimoine mais ce dernier peut régulièrement être souscrit pour 500 ou 1 000 euros. Par ailleurs, des courtiers en ligne tels que Placement-Direct, Linxea ou encore Altaprofits étendent leur panel de gestions pilotées : du 100% ETF sur Darjeeling et Titres&Vie, une gestion Carmignac chez Linxea…

ContratTicket d'entréeGestionnaire
Altaprofits Vie300 €Lazard Frères gestion
Boursorama Vie300 €Edmond de Rothschild Asset Management
ING Direct Vie300 €Rothschild & Cie Gestion
Linxea Vie1 000 €Morningstar ou Carmignac
Fortuneo Vie1 000 €Federal Finance, DNCA Finance ou Allianz Global Investors
Linxea Avenir1 000 €Morningstar
Darjeeling (Placement-Direct)1 000 €SwissLife Gestion Privée
Linxea Spirit1 000 €Morningstar
Yomoni Vie1 000 €Yomoni

Des clients attirés par ces nouvelles offres

Le succès semble au rendez-vous. L’AMF n’a pas encore publié ses données 2016 mais les « mandats d’arbitrage en unités de compte » sont passés de 6,7 milliards d’euros en 2011 à 14,3 milliards fin 2015. « La gestion sous mandat chez ING, cela représente aujourd’hui un milliard d’euros d’encours, pour 30 700 contrats ! Nous sommes désormais dans une logique de masse », explique Julien Schahl, d’ING Direct. « 25% de nos contrats sont en gestion sous mandat, et 33% des nouvelles souscriptions. » En encours, la proportion est encore plus importante dans la banque en ligne : 1 milliard d’euros sur 4,4 milliards pour l’ensemble des contrats ING Direct Vie. L’abaissement du seuil à 300 euros devrait permettre d’accélérer cette dynamique selon Julien Schahl : « A chaque fois que nous avons abaissé le seuil d’accès à la gestion pilotée, nous avons observé une hausse sensible de la collecte sur ce segment. »

« Nous sommes désormais dans une logique de masse »

Même succès du côté d’Altaprofits, où la gestion sous mandat représente un tiers des souscriptions. Pourtant, ce courtier en ligne s’adresse à une clientèle plus avertie que la banque en ligne. Mais François Leneveu juge l’abaissement du seuil à 300 euros pertinent : « Les petits contrats ont vocation à grossir et à être alimentés de façon bien plus importante », développe-t-il, en précisant que l’encours moyen de ses assurances-vie est de 47 000 euros. « Notre ADN, c’est de rendre le très haut de gamme accessible à la majorité. Donc nous sommes dans la logique d’abaisser le ticket au maximum de ce que l’assureur peut proposer. » A ce jour, la gestion pilotée n’est toutefois accessible qu’à partir de 5 000 euros sur ses deux autres contrats d’assurance-vie, Titres&Vie et Digital Vie. « Nous souhaitons faire la même chose avec Suravenir et SwissLife », affirme François Leneveu. « Nous voulons abaisser les tickets d’entrée sur tous les contrats, sauf sur la gestion titres vifs (actions en direct) de Titres@vie, où les coûts fixes sont trop élevés. »

A quand la gestion pilotée accessible dans les banques ?

Les lignes bougent. De plus en plus rapidement, notamment parce que les assureurs veulent favoriser les alternatives aux fonds en euros. Ainsi le Crédit Mutuel Nord Europe a annoncé une gestion pilotée sur son contrat ACMN Opale « dès 2017 ». Et Suravenir, filiale du Crédit Mutuel Arkéa, prévoit de lancer « une assurance-vie bancaire et grand public » faisant « une place assez large au mandat d’arbitrage ».

« Les performances aiguisent l’appétit des épargnants »

La gestion pilotée va-t-elle supplanter le fonds en euros, comme stratégie d’investissement privilégiée de l’assurance-vie ? « Les performances des gestions sous mandat, les nôtres comme celles de la concurrence, sont bonnes. Cela aiguise l’appétit des épargnants », souligne François Leneveu, qui juge ce mouvement « inéluctable », même dans les banques. Mais Julien Schahl n'envisage pas de généralisation : « De nombreux clients tiennent au tout sécuritaire. » Ce qui ne l'empêche pas de nourrir de grandes ambitions pour la gestion pilotée sur ING Direct Vie. 50% de la collecte ? « Peut-être, je ne suis pas sûr. »

La délicate comparaison des performances

Si la gestion sous mandat se démocratise, la comparaison des offres reste délicate. « En assurance-vie, les banques vendent leurs marques, celles des sociétés de gestion mais les performances ne sont pas communiquées chaque mois et la totalité des frais est rarement annoncée », s’agace Sébastien d’Ornano, président exécutif de Yomoni. « Il faudrait gagner en transparence pour pouvoir offrir un comparatif clair aux épargnants, ce qui ne peut être que favorable pour développer le marché. Le régulateur doit travailler sur ce point. »

Des normes pour chaque type de mandat, par exemple en indiquant un investissement minimum sur le fonds en euros pour un mandat défensif ? François Leneveu, d’Altaprofits, se montre sceptique. Mais il appelle de ses vœux d’autres mesures : « Je demanderais une première chose au régulateur : qu’il impose la mise à disposition des performances des gestions pilotées en live, depuis l’origine ! Puis qu’il réclame la mise en ligne du contenu des portefeuilles. Déjà, ce serait un grand pas pour faciliter la comparaison ! »

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