Le gouvernement ne mène « aucune discussion » sur la politique du logement en France et annonce des mesures « improvisées », sous l'injonction de Bercy, qui déstabiliseront le secteur, a déploré vendredi le mouvement HLM, qui veut être reçu par Emmanuel Macron.

Confrontée à une « attaque sans précédent » contre le logement social « alors que les locataires HLM sont de plus en plus pauvres », l'Union sociale pour l'habitat (USH, 723 bailleurs sociaux) dont le 78e congrès se tiendra du 26 au 28 septembre à Strasbourg, a demandé à être « reçue sans délai » par le président de la République. « Nous n'avons eu aucune réponse », a déploré Frédéric Paul, délégué général de l'USH lors d'une conférence de presse, alors que les économies budgétaires qui seront dévoilées le 22 septembre inquiètent tout le secteur.

Le mouvement HLM fait face à des « annonces assez largement improvisées, faites par le ministère de la Cohésion des territoires sur l'injonction extrêmement autoritaire de Bercy », a jugé de son côté Marianne Louis, secrétaire générale de l'USH. « Tous les acteurs du secteur l'expriment : depuis des mois, il n'y a pas de discussion sur la politique du logement en France », a-t-elle affirmé. « On nous assène des décisions qui ne feront que dégrader le secteur ».

« De l'enfumage »

Après avoir dénoncé l'effet « inflationniste » des aides personnelles au logement (APL) dans le parc privé -soit 10 milliards d'euros, sur les 19 milliards versés à 6,5 millions de ménages-, un système jugé « pervers », le gouvernement a changé son fusil d'épaule. Il affirme désormais vouloir réduire les APL dans le secteur social, versées par l'État aux bailleurs sociaux pour leurs locataires, en imposant à ces organismes HLM une baisse de leurs loyers d'un montant équivalent.

Cette chute de leurs ressources - qui irait jusqu'à 3 milliards d'euros pour 50 euros de baisse - pourrait être compensée, dit le gouvernement, par des conditions d'emprunt plus favorables ainsi que par des ventes accrues de logements sociaux. Ainsi, céder « 40.000 logements par an » pourrait « apporter jusqu'à 3 milliards d'euros » a affirmé Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires.

« C'est de l'enfumage », balaie Frédéric Paul. Sur les 140.000 logements sociaux à vendre aujourd'hui, les bailleurs n'en cèdent que 8.000 par an, ce qui pourrait être « au maximum doublé ». Les entreprises du bâtiment, promoteurs, professionnels de l'immobilier et associations de défense des consommateurs se sont tour à tour vivement inquiétés des projets du gouvernement en matière de logement.