Stable ou en très légère hausse : le niveau des taux immobiliers n’a guère évolué au cours de l’été, d’après les courtiers spécialisés, et reste très attractif en cette rentrée. Pourtant, le marché, hyper dynamique depuis le début de l’année, ralentit fortement. Alors, qu’est-ce qui freine les emprunteurs ?

« Une rentrée pleine d’inquiétude après le calme estival » : c’est le titre plutôt pessimiste de la traditionnelle météo des taux de Cafpi. Selon le courtier, « la clientèle semble vouloir manquer à l’appel depuis le début de l’été » après un premier semestre où la production de crédits immobiliers a battu tous les records : sur sa lancée, elle devrait même dépasser en 2017 le seuil record des 300 milliards d’euros (contre 251 milliards l’an dernier). L’inquiétude des professionnels s'explique par une double incertitude : d’une part la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), de l’autre les projets du gouvernement en matière de logement.

La BCE d’abord : l’institution européenne pourrait prochainement infléchir sa politique monétaire très accommodante, qui a permis ces dernières années aux banques de se refinancer à bas coût. Son patron, Mario Draghi, a temporisé, donnant rendez-vous en octobre. Mais la pression monte : certains grands banquiers craignent en effet que la politique d’argent pas cher de la BCE ne contribue à la création d’une bulle boursière. « Si les banques centrales n’ont pas annoncé d’arrêt brutal de leurs interventions dans l’économie, qui risquerait de faire exploser cette bulle avec pour conséquence une brutale remontée des taux », constate Cafpi, « il est clair qu’un désengagement progressif aura lieu ».

Des craintes pour le PTZ et le Pinel

Le gouvernement ensuite. Tous les courtiers s’inquiètent des annonces du gouvernement, qui doit dévoiler mercredi prochain 13 septembre son plan pour le logement. « S’il s’engage vers une réduction, voire une suppression des différents dispositifs (PTZ, Pinel, APL), ce qui serait une mauvaise nouvelle, les emprunteurs profiteront des derniers jours de ses dispositifs pour en bénéficier », promet Cafpi.

Empruntis rappelle cependant que, dans ce cas de figure, le délai pour profiter des conditions actuelles sur le PTZ par exemple serait très court : « Selon les délais de traitement des banques, il vaudrait mieux déposer son dossier mi-octobre chez certaines quand, pour d’autres, les emprunteurs pourraient attendre jusqu’à mi-novembre. »

Des taux toujours inférieurs à 2% sur 25 ans

Malgré ces nuages qui s’amoncellent, « septembre reste un mois phare pour l’immobilier marqué par le retour des emprunteurs après un été plus calme », rappelle Jérôme Robin, directeur général de Vousfinancer, sur une tonalité plus optimiste. « C’est donc une période clé pour les banques [et] pour les emprunteurs (…), un moment opportun pour obtenir de bonnes conditions. »

De fait, rappelle la Centrale du financement, « les conditions d’emprunt demeurent historiquement basses avec la possibilité de contracter un prêt sur 25 ans avec un taux sous la barre des 2% ». Le courtier avance ainsi un taux fixe moyen de 1,68% pour les crédits immobiliers sur 20 ans, et de 1,93% sur 25 ans, en très légère hausse. Les meilleurs dossiers peuvent encore obtenir 1,36% sur 20 ans et 1,56% sur 25 ans.