Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi vouloir une Europe « refondée » et « à plusieurs formats », tirée par une « avant-garde » des pays qui voudront « aller plus loin » dans la convergence de leurs économies et de leurs politiques.

Dans les prochaines semaines, après les élections législatives du 24 septembre en Allemagne, « la France fera des propositions à ses partenaires pour renforcer la convergence économique et monétaire, et la convergence de nos politiques fiscales et sociales », a dit le chef de l'Etat lors de son premier grand discours de politique étrangère devant les ambassadeurs français réunis à Paris. Emmanuel Macron proposera aussi d'approfondir l'Europe de la défense et de construire « une véritable Europe du climat et de l'énergie ».

Le Brexit montre que « quand l'Europe n'est qu'un marché, elle est rejetée », a-t-il dit. Dans le passé, les pays de l'UE n'ont « même plus osé se réunir dans le format de la zone euro pour ne pas chagriner qui les Britanniques, qui les Polonais », a-t-il déploré. « Cela doit nous obliger à être plus innovants : nous devons penser une Europe à plusieurs formats, aller plus loin avec tous ceux qui souhaitent avancer, sans être entravés par les Etats qui désirent, et c'est leur droit, avancer moins vite ou moins loin », a-t-il poursuivi.

Favorable à un ministre des Finances de la zone euro

Le président de la République a plaidé à plusieurs reprises pour l'instauration d'un ministre des Finances d'une zone euro qui serait également dotée d'un plan d'investissements. La chancelière allemande Angela Merkel, beaucoup plus prudente sur ces questions, a redit mardi lors d'une conférence de presse n'avoir rien « contre l'idée d'un ministre des Finances » mais que « nous devons encore clarifier ce que pourrait faire ce ministre ».

Elle a également indiqué « pouvoir imaginer un ministre de l'Economie et des Finances » commun capable de coordonner les politiques économiques et budgétaires des pays de la zone euro et a évoqué un budget très restreint de la zone euro pour financer certains domaines, comme la recherche scientifique, dans les pays en difficulté financière. Le 13 juillet, à l'issue du conseil des ministres franco-allemand à Paris, Angela Merkel avait déjà indiqué n'avoir « rien contre un budget de la zone euro » et qu'« on peut parler » d'un « ministre européen des Finances », observant que ces questions ne pourraient être tranchées qu'après les législatives allemandes du 24 septembre.

Le « cœur » des pays les plus volontaires

Au cours de sa récente tournée en Europe de l'Est, Emmanuel Macron avait déjà appelé ses partenaires à rejoindre ce « cœur » des pays les plus volontaires. Pour la France, « le lieu où construire les outils de notre puissance, le lieu de notre souveraineté aujourd'hui, c'est l'Europe », a-t-il dit, rappelant le rôle central de l'alliance franco-allemande.

Martelant son credo d'« une Europe qui protège » il a notamment cité la réforme du droit d'asile et une meilleure protection face au dumping. Il a aussi cité l'exemple de ses efforts pour durcir la directive sur le travail détaché, afin de lutter contre la recherche du « moins-disant fiscal ou social ».